: Note d’intention
Je ne suis pas un grand lecteur, vraiment pas, mais la lecture de toutes les
pièces de Jon Fosse m’a toujours procuré du plaisir et ce plaisir ne s’use
pas.
J’ai une relation très personnelle et instinctive avec cette pièce, facile à
lire, difficile à jouer, intense et sobre. Il ne s’agit pas d’intellectualiser mais
d’être sincère, au plus près de l’écriture, de la sobriété et de l’humanité de
l’auteur, du talent des acteurs, de l’attention des spectateurs.
HIVER m’a d’abord séduit par son écriture théâtrale particulière. La
simplicité absolue des dialogues permet aux deux comédiens d’aller
chercher ce qu’ils ont de plus profond en eux. Cela laisse au public toute
latitude pour imaginer mille choses et se les approprier.
La pièce commence par une rencontre fortuite, « bringuebalante » qui
transformera inexorablement le destin de ces deux êtres comme s’ils
voulaient s’arracher à quelque chose.
Je voudrais que les spectateurs ressentent en la regardant, la possibilité
d’une vie qui bascule, tout en les tenant dans une sorte de distance
poétique à laquelle l’écriture même de la pièce nous invite. « Ça n’a pas
d’importance, aucune importance » (dit l’homme) : cette sorte de liberté,
de disponibilité, de distance à ce qui leur arrive, me semble être le centre
même de la relation entre cet homme et cette femme, le coeur même de ce
qui pourrait nous arriver pendant la représentation.
La réussite de la pièce dépend de notre capacité à faire naître cet espoir
auprès des spectateurs, grâce aux deux personnages jouant avec ce
langage musical et simple à l’extrême.
Pour cela Jon Fosse a imaginé deux espaces scéniques : l’un public, l’autre
privé.
Les deux sont d’une évidente banalité : on ne peut imaginer plus neutre
qu’un parc public pour une rencontre, une chambre d’hôtel pour s’aimer,
et pourtant la poésie ne cesse d’y faire irruption.
Je suis fier et heureux de pouvoir diriger Nathalie Baye et Pascal Bongard
et je mettrai toutes mes forces, mon énergie et mes émotions pour les
amener à se dépasser, à se faire peur et à nous faire plaisir.
Jon Fosse dit rechercher dans ses pièces les moments où un ange est en
train de passer sur scène : là est notre intention.
Jérémie Lippmann
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