Cela se passe dans un immeuble par les fenêtres duquel on voit d’autres immeubles. Peut-être on pourrait dire aussi cela se passe dans une conscience par les fenêtres de laquelle on observe d’autres consciences. Des personnages - vivants ou non - corps pensants ou pensées incarnées - habitent aux différents étages de cet immeuble.
Leurs histoires, leurs cheminements intérieurs, s’y croisent et s’y mélangent.
Les espaces dans lesquels ils évoluent se superposent, créant un autre espace, sorte de monde parallèle au monde matériel, dans lequel les consciences dialoguent ou s’ignorent, se frottent et se font écho les unes aux autres.

Ce sont plusieurs histoires racontées en même temps, comme si toutes les histoires humaines étaient toujours invisiblement liées.

D’une scène à l’autre, le curseur du présent se déplace sur la réglette du temps, comme pour inviter à imaginer ce qui dans l’humanité existerait au-delà de toute contingence et temporalité individuelle.

- Une femme erre dans les couloirs de sa pensée, à l’affût, cherchant en elle-même la trace du premier homme. Peut-être cherche-t-elle si loin qu’elle en disparaît ?
- Une femme dit avoir été témoin du suicide d’une autre femme. A partir de ce jour, elle se met à changer, comme hantée par cette autre femme morte. Elle devient quelqu’un d’autre.
- Une petite fille joue à mourir.
- Platon, le fils de la gardienne de l’immeuble, travaille aux pompes funèbres. Il est muet. Pourtant il est un médium entre les vivants et les morts. Les morts parlent par sa bouche.
- Il y a un couple de vieux, très vieux. Ils n’ont pas eu d’enfants. Lui a déjà un pied dans la tombe. Il ne se souvient pas du passé. Il ne se souvient pas de sa famille. Il ne se souvient pas d’où il vient.
- Il y a un jeune couple qui parle d’avoir un enfant. Elle voudrait mais lui n’est pas sûr. Il ne se projette pas dans l’avenir.