Hagards parle du fait de parler, de prendre la parole, de se voir obligé(e) de le faire ou de prendre la décision que c'est le moment.
Hagards, parce que c'est ce qu'on est quand les lumières, les regards et les attentions sont braqués sur soi. Quand il faut dire quelque chose, faire quelque chose, n'importe quoi, ou justement non, pas n'importe quoi, parce que c'est le genre de moment où quoiqu'on dise, quoiqu'on fasse, tout sera interprété, tout sera utilisé pour que les autres se construisent une image de ce qu'on est. C'est le moment où il ne faut pas déconner.

Hagards est un spectacle en plusieurs strates. D'abord, il s'agit d'un texte, qui prend la forme d'un recueil de scènes, de séquences, de prises de parole. Ensuite, c'est une équipe de six comédien-ne-s et un metteur en scène. Puis c'est un processus, celui du spectacle, qui fonctionne comme une mise en abyme du titre : à chaque représentation, les comédien-ne-s et le metteur en scène à la régie décideront en direct de ce qui est joué, et par qui. Sans échappatoire, sans structure toute faite, sans plan de secours, comme une plongée dans le grand bain. Ils auront pour eux le plateau, les lumières, la musique, et une palette d'une trentaine de scènes. Ils auront pour eux le droit de ne rien faire. Ils seront hagards, à nu, à vue. Ils ont surtout l'envie de créer un objet unique, où la présence de chacun-e, acteurs et spectateurs, est plus nécessaire que jamais, où la rencontre est l'objet principal du spectacle. Un moment de partage tangible, sensible, dangereux peut-être, au moins un peu, assez pour que ce soit croustillant. Que tout le monde ait le coeur qui batte un peu plus vite.