Je privilégie ce qui se passe sur le plateau, et non sur ce qui peut le rendre artificiellement beau. La justesse et la rigueur du jeu priment, et sans cette matière vivante qu’est le comédien, il n’y a pas de mise en scène possible. Il y a dans ma démarche la volonté d’un travail minutieux, d’une mécanique précise et indispensable aux sensations échangées entre l’acteur et le spectateur. Je n’installe jamais les comédiens dans un confort qui aurait tendance à leur faire croire qu’ils y sont arrivés. Je préfère une recherche constante qui permet au fur et à mesure des répétitions d’acquérir une liberté de jeu. La perfection naît de ce qui n’était pas prévu. Bien au-delà du texte. Je dis aux comédiens : « Le texte est écrit, votre rôle n’est pas de l’expliquer, mais de l’exprimer par votre corps, par votre voix, par vos émotions. Ce qui m’intéresse, c’est ce qui n’est pas dit, c’est ce qui vous échappe. Ne cherchez pas à comprendre, mais à perdre connaissance, soyez généreux, donnez-vous la possibilité d’offrir à votre personnage et aux spectateurs une gamme d’émotions le plus large possible. Chassez l’ennui, ne pensez pas à ce que vous venez de faire, ni à ce qu’il vous reste à accomplir, soyez présents, toujours ».

Par Thierry DEVAYE