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Fées

+ d'infos sur le texte de Ronan Chéneau
mise en scène David Bobée

: Propos

Les enfants des années 70 entre lucidité et renoncement.


Dans le huis clos moite d’une salle de bains, lieu de l’intimité par excellence, un jeune homme dit le découragement et l’inertie. Epié par des caméras vidéo, il est hanté par deux créatures mystérieuses, mi-fées, mi-femmes enfants, affectueuses, moqueuses, perverses qui le persuadent de l’inanité de sa plainte narcissique. Dans cet univers, l’impuissance à agir sur le monde, à en bouleverser le cours devient flagrante, dérangeante.


Fées est le deuxième volet d’une trilogie, née de la complicité de David Bobee, metteur en scène et Ronan Chéneau, auteur, consacrée aux enfants des années 70 coupables de ne pas savoir refaire le monde que leurs parents leur ont laissé.


Un spectacle où tout participe du théâtre-le texte/partition, la lumière qui lui donne sa couleur, les images qui lui répondent, pour dire le mal de vivre et la lucidité d’une génération. Un spectacle reflet d’une époque qui se termine sur les mots criés par le jeune homme : Aimez-moi.


Fées est une variation sur le même principe que Res/persona (premier volet de la trilogie) : intimité et politique, petite forme, monochrome, jauge réduite.


Ce spectacle se déroule dans une pièce intime, plus secrète encore, plus cachée encore, plus privée, plus introspective encore : à la salle de bain.


Si dans Res/persona, le propos était de s’interroger sur la place qu’une jeune fem­me de 25 ans pouvait tenir dans la société, sur la parole politique qu’elle était en mal de porter, sur son inertie et son incapacité à la révolte sincère, celui de Fées est plus large encore, interrogeant le monde dans lequel une génération s’engouffre tout en vaguement le dénonçant. Un monde en réseaux où il semble de plus en plus difficile d’agir sur les événements, sur le cours de l’histoire même.


Abigaïl Green et Fanny Catel-Chanet interprètent ces petites «fées», qui n’ont rien de féerique ni d’angélique, sorte de petites filles monstrueuses, érinnies contempo­raines riant ironiquement des maux de notre époque. Une troisième figure, celle du comédien James Joint, porte l’incompréhension et l’inertie, il est le pendant mascu­lin de la jeune femme de Res/persona.


L’univers de cette création est en permanence sous-tendue par l’idée du suicide, par l’incapacité même de se suicider.


Cet univers moite rend perceptible, tangible une sorte de douleur, de mal-vivre mais aussi une conscience dense, affûtée, précise du monde.


Stéphane Babi Aubert a créé la lumière à partir de l’étude de la couleur «verte». Vert d’eau, vert bouteille, glauque, «vert chirurgie», «vert moisi ».


L’univers sonore que Frédéric Deslias a inventé pour cette création trouve ses raci­nes dans une musique électro faite de nappes aux rythmiques pesantes et d’adjonc­tions de sons et de bruits électroniques, parasitaires et quotidiens.


Enfin les images vidéo de José Gherrak, projetées sur les murs de faïence, propo­sent un nouvel angle de vue pour dépeindre un monde extérieur dont les représen­tations de plus en plus violentes, brutales, directes, trop claires, trop intimes se font plus que jamais incompréhensibles. La présence de caméras de vidéo surveillance à l’intérieur même de cette salle de bains vient violenter l’intimité des comédiens.

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