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Faust nocturne

+ d'infos sur le texte de Olivier Py
mise en scène Olivier Py

: Présentation

Les dernières heures d'un Faust qui a trop aimé ; il ne lui reste plus que sa chambre, un manuscrit inédit, le jeu des miroirs obscurcis et un ancien amant, Grand Malheur, devenu rabatteur. Ce dernier lui amène un ultime réconfort en la personne d'Ariel, jeune prostitué roumain .


Faust nocturne est une sorte de variation à partir des thèmes développés dans Les Vainqueurs . Au coeur de ce fleuve lyrique, je m'étais arrêté un instant parmi les métamorphoses du récit pour tenter d'approcher avec des moyens plus simples le centre même de ma pensée dramatique. J'ai choisi le trio le plus rebattu de la littérature pour courir au plus pressé. Faust, qu'il soit de Goethe, de Nerval ou de Marlowe est l'aventure spirituelle rendue lisible par la douleur de la littérature. Les thèmes stylistiques, comment écrire, y sont confondus avec le sens même de l'existence humaine, quoi écrire. Il s'agit donc de montrer l'aventure poétique non pas comme une somptueuse virtuosité langagière, comme une danse d'autant plus élégante qu'elle célèbre l'arche vide, mais comme la seule, l'unique alternative à la religion. Vivre poétiquement se décline ici non dans la jeunesse des prophètes mais dans la méditation sur la mort d'un poète trop célébré.


Faust est un poète trop connu, il a un secret qui est Grand Malheur et qui veille sur son imposture. L'imposture est la clef de voûte de leur chapelle. Faust n'est pas le poète de la joie qu'il prétend. Vient alors Axel, qui n'est pas un discours sur la joie mais la Joie même. Les trois personnages doivent alors combattre, combattre pour nier ou accueillir la possibilité d'un vivre lumineux.


Ce combat incarné par le doute et l'espoir qui se disputent l'épitaphe du poète est celui de l'aventure littéraire. Incarner une idée, un pressentiment, un désir, c'est ce que feront les personnages prisonniers d'un théâtre sans scène, celui de la fin d'un siècle. Ce n'est pas seulement un vieux Faust mourant qui parle, c'est une civilisation entière qui s'arrange de sa mort et rêve de voir encore la première lumière de son règne. La Renaissance avait ouvert l'ère de la littérature, l'Histoire trouvait en Gutenberg la confirmation de sa perspective, le monde entrait dans les mots, perdait la réalité première, l'éblouissement originel qui l'avait fait sortir du paradis. Mais on pouvait faire un récit de cette belle catastrophe, de ce grand malheur de la littérature, consolatrice du désenchantement du monde. Tout est clos.


Alors, dans l'agonie de l'Occident, viendra peut-être ce jeune homme si pur et si exact qu'il a la force de nous rappeler que nous n'appartenons pas à l'Histoire mais à notre histoire, et qu'un dernier théâtre nous le murmure.


Olivier Py

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