Objets de mémoire, les fables nous rassemblent. Elles ont la fantaisie de l’enfance, le burlesque de la geste humaine animalisée, le délié des tournures de la langue la plus vivace.

Privilégiant la simplicité, la mise en scène de Pierre Blaise s’attache à rendre accessibles les sens, les sons, les images dans un spectacle musical et marionnettique lumineux.

Damien Schoëvaërt-Brossault, précurseur du théâtre pop-up, a dessiné, peint, découpé, articulé des marionnettes-images ; figuratives au premier coup d’œil, ces pop-up se révèlent soudain métaphores sujettes à toutes les métamorphoses lorsque deux comédiennes les animent pour inviter le spectateur à voyager à travers une dizaine de fables de La Fontaine.

À la basse continue se superposent les voix nues. Brame des bêtes, bourdonnement, battements, grincements de dents et d’archet. Le contrebassiste Jean-Luc Ponthieux est une oreille juste, aux aguets. Dans les silences et dans les paroles virevoltantes, il se fait le discret pourvoyeur d’un jazz de velours.

De la fourberie nonchalante à l’activité fébrile, de la force brute à la tremblante innocence, de la bêtise moquée à la moquerie ignorante, musique et marionnettes déploient avec bonheur la gamme des comportements humains, pour donner corps et voix aux personnages du poète.