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Femme de chambre

+ d'infos sur l'adaptation de Sarah Capony ,
mise en scène Sarah Capony

: Note d'intention

Lorsque j’ai découvert ce roman, j’ai immédiatement été saisie par l’écriture si simple et si particulière de Markus Orths. Dès la première page, on pénètre très doucement, l’air de rien, dans un univers où couve la folie en suivant les pas de son héroïne, Lynn. Une jeune femme anonyme qui porte en elle toute la noblesse de la banalité, perdue dans l’immensité de la ville, à la recherche de l’être humain... Lynn ressemble à tout le monde si elle n’était pas si inclassable, si déclassée. C'est ce portrait d'héroïne ordinaire qui m'a bouleversée.


Très vite j'ai eu l'envie de l'adapter pour la scène, de jouer ce personnage et de réunir une équipe d’acteurs pour raconter cette histoire. J'ai alors immédiatement contacté Markus Orths par l'intermédiaire de son éditrice en Allemagne et par chance, il parlait français. Nous avons entretenu une correspondance et il m'a reçue chez lui, à Karlsruhe. Ça a été une rencontre formidable, nous avons lu ensemble mon adaptation, corrigé, travaillé, échangé sur le texte, sur ses personnages et il m'a donné son accord enthousiaste pour jouer et mettre en scène son roman.


Raconter cette fable c'est suivre l’errance de Lynn, ses gestes, ses hésitations, son silence et surtout, sa folle obstination à s’inventer une histoire, une destinée. Et le spectateur suit ses actions, ses pensées, «comme si les pensées avaient des jambes», il est le témoin des heures secrètes de cette femme de chambre peu ordinaire...


À̀ force de donner des couleurs aux journées, d’imaginer des histoires aux vêtements laissés dans les chambres, à une valise ou à un séchoir, Lynn va de plus en plus loin. Un jour, elle se couche sous un lit, à l’hôtel où elle travaille. Elle se met à écouter la vie des gens, elle se dit «j’ai trouvé quelque chose, je dois le refaire, chaque mardi, je le ferai chaque mardi». Autour d'elle, son monde solitaire est peuplé de figures emblématiques qui sont autant de rituels qui rythment sa semaine...


La mère, restée dans sa ville de province, que Lynn appelle de la cabine téléphonique, elles parlent de choses et d’autres, leurs conversations se résument à une suite de questions-réponses cocasses et pathétiques. Le coup de téléphone à la mère, ce sera le jeudi.


Le patron de l'hôtel, son ancien compagnon, peut-être la seule personne que Lynn connaisse en ville. C'est vers lui qu'elle se tourne en sortant de la clinique et il accepte de lui donner un job à l'essai. Heinz, ce sera tous les lundis.


La prostituée, Chiara, une femme libre, sans patron ni mac. Avec elle, Lynn découvre «le picotement sur la peau», ce qu'elle aimerait c'est entrer dans sa bouche pour voir «les mots juste avant qu’ils sortent». Chiara sera le rituel du samedi.


Le thérapeute, c'est le passage obligé, la caution pour rester dehors, ce sera le vendredi.


Et tous les jours de la semaine, les clients de l'hôtel.


La perversité de Lynn, ses obsessions, ses expériences, s'imposent au spectateur avec une simplicité enfantine, presque une innocence. Il y a du sourire dans son désespoir, de la comédie dans sa folie.
Combien y a t-il de Lynn invisibles aujourd’hui dans nos villes ?

Sarah Capony

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