Il y a plus d’une façon de mourir Rideau rouge, guirlandes de foire, collerettes et tambourins. Le décor de cirque est planté, un « double meurtre » se prépare. Entre fondus au noir et flashs de lumière, des clowns inquiétants enchaînent les exécutions et s’entretuent dans une énergie festive, fascinante et… funeste. Pantomime effrayante ou parodie théâtrale d’un monde où la violence est un spectacle sans fin. En habile maître de cérémonie, Hofesh Shechter orchestre l’entrée en piste des dix danseurs. Il compose une partition aux pulsations obsédantes et aux voix psalmodiées, une gestuelle unique et virtuose empruntant aussi bien à la danse tribale, folklorique, que baroque. Puis, comme pour équilibrer les forces à l’œuvre, les gestes se font plus tendres, plus fragiles, et la musique s’adoucit. La mort affleure, toujours, mais le nouvel opus laisse poindre une lueur d’espoir. Le chorégraphe injecte un contrepoison et tente de trouver un remède grâce aux relations qu’il désire favoriser entre les danseurs et avec les spectateurs. Une danse vibrante et meurtrière mais aussi un temps pour déposer les armes, contempler les dégâts, panser et repenser les blessures, un temps pour réparer les vivants.