On est amoureux, libres, insouciants, puis … c’est l’annonce ! Celle de la grossesse et d’une troisième personne qui va s’immiscer dans la vie des amants, bousculant ainsi l’ordre établi du couple. Dans la plupart des cas, l’annonce de la nouvelle de la grossesse provoque chez les futurs parents un sentiment d’euphorie mais, passé ce temps, il y a une prise de conscience de leurs responsabilités futures et surtout elle génère beaucoup de fantasmes autour de cet enfant à naître. Pendant que le compagnon un peu oublié va tenter de s’investir dans cette aventure et prendre sa place de père et que la mère est aux prises avec des comportements déstabilisants pour son entourage, tous deux sont tour à tour submergés par une multitude d’émotions : questionnements, hystérie, mélancolie, pertes de repères, envie incongrues, sautes d’humeurs, … C’est une période de grandes inquiétudes à propos du futur rôle des parents et à propos du futur enfant. Tantôt, les parents idéalisent leur enfant, se représentant le bébé comme un être parfait et tout à fait désiré, tantôt ils l’imaginent monstrueux ...

J’ai trouvé que cette thématique très riche en émotions, se prêtait parfaitement au jeu clownesque. « Deux pommes pour un chou » est une pièce écrite comme une partition musicale. Les deux personnages en couple (à la vie comme dans la pièce) racontent une histoire où ils jouent ensemble, se répondent, comme par surprise. Les corps sonnent comme des mots, dansent, se cognent et deviennent parfois musique. Là c’est la simplicité, le soi qui sert de base au jeu des comédiens. Pas d’artifice, pas d’effet, juste des comédiens, pour donner corps, chair, à ces moments de bascule/balance, d’avant/après… On flirte avec les codes de jeu de Chaplin, Keaton … Un travail d’une grande exigence pour les comédiens, confrontés à la difficulté du burlesque poétique qui fait aussi sa magie : allier l’outrance et la sincérité, l’ampleur, la largeur et l’extrême précision.