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Après la pluie

+ d'infos sur le texte de Sergi Belbel traduit par Jean-Jacques Préau
mise en scène Marion Bierry

: Présentation

« Entre Feydeau et Beckett », voilà ce que je résumais maladroitement à Sergi Belbel au téléphone en lui faisant part de mon enthousiasme à la première lecture de sa pièce. Il aima la formule. Restait à ne pas le décevoir. La pièce me parvenait avec une telle charge comique et poétique qu’il me fallait, avant tout, scéniquement préserver le vide : juste le toit d’une tour, le ciel, la lumière et le vent, les bruits lointains incessants d’une ville loin, si loin tout en bas… Je souhaitais que les personnages puissent se mouvoir absolument libres, sans accessoires (portables, dossiers, sacs à main) rappelant la vie d’en bas. Résolument rien que la cigarette, le vent encore, soulevant les jupes des secrétaires et quelques parapluies pour peut-être s’envoler. Mais que faire de la pluie qui, tant attendue, finira par tomber ? Les premières notes d’une valse qui ne commence jamais tout à fait, pour exploser à la fin.
Avec son quatuor de secrétaires, son trio de cadres supérieurs, sa partition de jeune coursier solo sur siège éjectable et ses suicides dus au surmenage, Après la pluie m’est apparue comme bien autre chose encore qu’une grande comédie sociale.
Écrite au début des années 90, Après la pluie surgit – postée sur sa tour – telle une oeuvre visionnaire. Le climat s’y dérègle à l’extrême, les avions y percutent des gratte-ciels, des explosions retentissent çà et là dans la ville…
Non, Belbel ne dresse pas ici un inventaire des plaies de ce monde, il est de ceux qui s’insurgent, de ceux qui croient encore que l’imagination, le théâtre et la poésie, peuvent exercer leur sortilège.
Oui, Après la pluie nous parle d’imaginaire, de celui qui résiste à la mise en série de nos vies, à la numérisation du monde pour une totale mise à profit de toute existence. Belbel le refuse en bloc, ce monde tel qu’on nous le présente et, surtout, tel qu’on nous le vend.
Il nous invite de toute urgence à sortir du cadre, à rejeter la norme. Norme du langage : on s’y insulte. Norme de l’interdit : on y fume. Norme de la sécurité : on plaque tout. Norme de la solitude : ici, on peut encore rencontrer l’amour.
Après la pluie – tel un radeau égaré – s’invente un imaginaire bien ibérique, de moulins et de tempêtes pour ne pas sombrer dans la désespérance contemporaine.

Marion Bierry

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