Un théâtre qui cherche à enfoncer les mots dans les choses comme on pousse un couteau dans le ventre d'une poule.

Une jeune femme porte son grain à moudre, tombe amoureuse du meunier qui l'initie à la connaissance des choses et du monde et conspire avec lui la mort de son laboureur de mari.

Un bus dans les arbres et dans les fleurs. Cette histoire se déroule dans un bus, dans un espace clos, restreint, voire étouffant où la violence des relations humaines mijotent dans une langue âpre et poétique. Par les fenêtres, on aperçoit l’œuvre de la nature, la beauté, les arbres, les fleurs, tout ce qui donne envie d'être bon, de respirer, d'aspirer à une vie paisible mais il y a l'homme et la femme !

L'homme et la femme, les pieds enfoncés dans la terre lourde et grasse et la tête dans les étoiles. L'homme et la femme, leur difficulté à vivre, à s'aimer, leur désir d'être, d'exister, de comprendre, de connaître et leur violence face au manque.

" C'est au théâtre que se passe l'arrachement à la nature, le désir d'en finir avec l'origine, avec le fantasme de l'origine"(M.J.Mondzain). C'est là que nous rejoignons la mythologie, le meurtre pour naître à la vie, à la liberté. L'origine du théâtre c'est le désir. le désir d'agir. Le désir de rendre des comptes à la cité. Il n'y a de théâtre que sur fond de violence, de violence invisible, fondatrice. Et quand le meurtre symbolique est impossible, ne reste-t-il que le meurtre physique ?

Elisabeth Barbazin