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Décroche

Jérôme Batteux ( Mise en scène )


: Note d'intention

Je ne sais pas ce qui pousse l’Homme à commettre des actes effroyables.
Je ne sais pas où naissent les pulsions des êtres humains. Leurs désirs. Leurs démons.


Je n’ai aucune hypothèse sur l’origine des désirs d’un pédophile.
Je n’ai aucun moyen pour les appréhender.


Par contre, je suis un homme.
Un homme construit avec une éducation, des valeurs et une morale.
Un homme qui ne comprend pas comment un autre homme avec une éducation, des valeurs et une morale proches des siennes peut se laisser aller à un tel acte.


Je crois en l’être humain.
Je crois, certainement avec beaucoup de naïveté, que l’être humain fait ce qui lui semble bon.


J’ai écrit Décroche pour essayer de comprendre comment un homme, pas un fou ni un sociopathe mais un père, un frère, un parrain peut supporter que sa pulsion l’amène à faire autant de mal à un autre être humain.
Comment il peut supporter de croiser à nouveau le regard d’un enfant qu’il a violé. Comment il peut recommencer.
Je peux entrevoir qu’un accès de folie pousse l’Homme à commettre des actes ignobles.
Je ne peux pas comprendre qu’on vive avec et qu’on réitère.


J’ai pris le parti de dire qu’il leur fallait faire des arrangements avec soi-même. Omettre des faits.
Avoir un regard tronqué.
Se trouver de fausses excuses.
Alimenter ses croyances.
C’est ce que fait le personnage de Décroche.


Je crois sincèrement que nous combattons mieux nos peurs en les regardant dans les yeux. Combien de viols ont lieu dans la cellule familiale ?
Combien sont commis par des personnes « de confiance », des amis, des instituteurs, des ecclésiastiques, des gardiennes d’enfants ?


J’ai été témoin de violences faites aux enfants.
Des cataclysmes que cela déclenche. Des plaies.
Les auteurs d’actes pédophiles ne se distinguent pas des autres hommes. On ne les reconnaît pas à leur visage, à leur démarche, à ce qu’ils dégagent. Ils sont humains. Comme nous.


Il est urgent de le dire.


Il me semble dangereux de les garder à distance en leur donnant des attributs monstrueux.
Ils sont proches au contraire.


J’aimerais juste, peut-être encore naïvement, que nous restions sur le qui-vive.

Jérôme Batteux

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