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Dans les yeux du ciel

+ d'infos sur le texte de Rachid Benzine
mise en scène Pascale Henry

: Présentation

Rachid Benzine nous embarque dans une vision très singulière du printemps arabe et de son atterrissage dans des gouvernements islamistes. Il décrypte surtout et rend à l‘air libre ce qui se tient caché sous la férule des croyances politiques et religieuses.


Pour cela il s’invite dans le corps de Nour, prostituée et grand témoin des obscurités humaines, des combinaisons du désir des hommes, du sort réservé aux femmes.
Depuis sa chambre où elle reçoit le monde, Nour l’envisage. Lui dessine les contours que sa condition aperçoit.
Lumière aveuglante posée sur les faits, trouvée à l’ombre la plus grande.


la parole quand elle se prend.
Un espace tenu au secret et dans le noir jusqu’à ce que monte la lumière sur le plateau à la faveur du grondement de la révolution.


Comme on soulève un couvercle, le vent de révolution dévoile presque malgré lui ce corps objet de désir tarifé, cette voix jusqu’alors inaudible, ce destin de femme sans existence légitime où s’épanchent pourtant tant de violents désirs.


Le corps de Nour qui apparaît c’est un verrou qui saute.


De son corps, de sa voix, de son récit émerge cette lumière tirée de l’ombre qui offre enfin un paysage humain, enfin contradictoire.
On plisse les yeux devant tant de clarté soudaine sur la chair vive, on s’effraie presque de la trouée faite dans la réalité et qui laisse apparaître les traces d’une vie tenue au secret pour raison d’état.


A ce récit charnel, dignement arrimé à l’expérience de la vie, sans haine malgré son destin déclaré en indignité, il faut donner un espace concret mais capable aussi de soutenir la métaphore qu’il déploie. Métaphore politique certainement, mais nous rappelant surtout à nous mêmes, la violence des pulsions, le prix de la liberté, le poids des mots, la peur que fait courir sur la peau le désir de vivre et ses espaces à conquérir.


Le récit de Nour est l’espace d’une révélation.
Le corps d’une société à découvert.


Si Nour est prostituée, ce n’est pas une pièce sur la prostitution, ni même le récit d’une femme prostituée dans un pays arabe. C’est la puissance de la parole reprise sur le déni, c’est la chair vivante contre la mort, c’est l’amour défiant la haine malade, c’est une qui parle et qui aura le dernier mot, quand bien même il faudrait le payer de sa vie.


C’est une histoire d’amour et de révolution, de guerre et d’espérance.


A la faveur du désordre soudain et irrépressible qui s’est emparé de la rue, on imagine la lumière découvrant les lignes simples d’un hall d’hôtel ou d’un petit appartement, deux verres…et la voix de Nour, improbable.
Tellement improbable.


Simple, de ce monde, et première pierre d’un autre.


Récit de chair, mais fable aussi.

Pascale Henry

avril 2016

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