Dans cette foire à objets, petite salle des machines aux allures de fête foraine, où résonnent des chants religieux, des sons en tout genre et une voix de soprano qui nous enivre de mots polissons, se produit l'heureux et non moins renversant mariage entre une technologie de pointe qui insuffle la vie à toute chose et une fantaisie raffinée, réglée comme du papier à musique.

Allégorie surréaliste de l'Amour, la sculpturOpéra de Gilbert Peyre mélange ainsi les Arts Plastiques, la Technologie et l'Opéra ; avec un texte coquin d'Yves Garnier interprété par la soprano Lydie Morales et une partition musicale de Gérard Pesson, Raphaël Beau et Caruso.

Comédie mécanique, grisante et tragique, où on vient nous conter fleurette, avec grivoiserie. Délirantes, les sculptures électromécanomaniaques de Gilbert Peyre cohabitent avec des personnages vivants et le spectateur est entraîné dans l'antre de Cupidon (Jean-Yves Tual) : ce personnage en chair et en os, mi-homme mi-femme, entouré de poupées anges-diablotins, est le maître des lieux et il partage ce terrain de jeux avec la Fiancée (Marie De Oliveira), déguisée en Princesse.

Au cœur de cette féerie de musiques, de grincements, de mots érotiques égrenés, évoluent devant nous une Gouvernante (Gaëlle Fiaschi) et un lapin "coureur", un clocher, des anges, une contrebasse, un pantalon, une jupe, une église/armoire prise de soubresauts, des lancers de couteaux, un cochon à la couronne de feu, un bébé à tête vidéo…que 2 manipulateurs commandent à distance (Juliette Zanon, Bachir Sam).

Cocasse, lyrique, magique, chaotique, sensuelle, cette installation-spectacle en forme de pied-de-nez à la réalité, nous renseigne, avec facétie et loin de tout sérieux, sur ce que peut être la vie à deux : tour à tour, un enfer et un paradis. A travers cette réécriture de l'histoire d'Adam et Eve, Gilbert Peyre s'amuse à ébranler nos certitudes.

Après nous avoir plongés dans son imaginaire loufoque 1h durant, nous avoir fait sourire, rire, rougir, avec ses personnages poupins et malicieux, il finit en nous assénant une de ses vérités, dissimulée sous de jolis attraits et nous laisse repartir, déconcertés, interrogateurs, mais heureux d'avoir été manipulés.