: Projet et note d'intention
Aux origines du projet
Début 2010, je suis en résidence à la Chartreuse. Ma mission : poursuivre l’écriture de deux projets de
spectacle.
L’un s’appelle Changez d’Ere ! : il s’agit pour moi d’écrire un espace, celui d’un centre international de congrès
qui accueille l’une des plus importantes manifestations professionnelles en Europe dans le domaine de
l’adaptation au changement climatique. Colloques, conférences, communications, doivent se succéder
pendant une semaine. J’aime trop m’asseoir sur les poufs dans ces congrès ; cela devait bien finir un jour par
faire un spectacle.
L’autre projet s’appelle À la recherche des canards perdus. C’est l’histoire d’une
expérience scientifique de la Nasa avec des canards en plastique jetés dans un glacier du Groenland pour
mesurer la vitesse du réchauffement climatique. Attendus quelques semaines plus tard dans la baie de Disco,
les palmipèdes ne réapparaissent jamais. Où sont passés les canards ? J’ai décidé de partir à leur recherche.
Mais, comme cela était prévisible, le temps et l’écriture m’ont emmené ailleurs. Les navigations à vue sont
plus excitantes que les routes tracées.
À la recherche des canards perdus est devenu une conférence, conçue comme la cartographie d’un espace.
Mais en cherchant les canards, j’ai d’abord découvert des vikings, qui se sont retrouvés eux aussi
cartographiés et mis en jeu au coeur d’une autre conférence pour dire l’importance de la glace aujourd’hui
dans la compréhension du monde. Le Groenland est devenu alors mon terrain de curiosité, de recherche,
d’investigation, de jeu.
Et le Groenland a investi Changez d’Ere ! Ou l’inverse. De l’un j’ai gardé l’attrait de la glace et du pôle, de
l’autre un espace avec des poufs.
Comment j’ ai appris à ne plus m’en faire et à aimer le réchauffement climatique mettra en scène un bateau de croisière touristique en route pour le pole nord.
Cap au nord
Ce type de croisière « polaire » est en plein développement aujourd’hui grâce à la libération progressive de ces espaces : les surfaces englacées diminuent rapidement avec le réchauffement climatique et permettent une « exploitation » nouvelle de ces régions, à laquelle participe ce « tourisme de fin du monde » (comme le nomment certains observateurs).
Ancien géographe, j’écris les textes et la dramaturgie des spectacles après un « travail de terrain ». Pour Comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer le réchauffement climatique, j’ai été invité en août 2010 sur un bateau de tourisme international pour une croisière au coeur des glaces du Groenland.
Un bateau de croisière est conçu pour favoriser le confort, le plaisir, la convivialité et la rencontre des passagers. Son salon, son bar, ses fauteuils, sa salle de conférence, ses ouvertures pour ne rien manquer du monde au dehors, tout concourt ici au bien-être de tous. Ces différents espaces faits de convergences et de divergences de milliers de mouvements, actions, paroles, échanges, deviennent chaque jour des lieux uniques d’inscriptions des comportements humains.
Comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer le réchauffement climatique est le spectacle de ce bateau.
Frédéric Ferrer
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