Avec près de cinquante danseurs, Stephanie Lake explore la joie et la tension de l’expérience collective. Colossus remplit la scène d’une masse vivante, se déplaçant à l’unisson dans une individualité sauvage.

Colossus, comme son titre le laisse entendre, a tout du défi hors norme : imaginez une cinquantaine d’élèves du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP) donnant corps à une chorégraphie XXL de Stephanie Lake. La promesse est belle, le résultat sera plébiscité en Australie à sa création en 2018. Lake, habituée des honneurs, explore ici tout à la fois la beauté et la laideur du collectif. Unisson impeccable, individualité magnifiée, la danse façon Colossus célèbre le nombre comme l’intime. Les solistes réunis semblent rejouer le chœur, plus contemporain qu’antique, de nos sociétés modernes. À l’échelle de ce pays-continent, l‘Australie, Colossus déploie des charmes insoupçonnés dans une recherche gestuelle permanente. Stephanie Lake n’a peur de rien. Sa danse voit grand. On sort de Colossus transporté : il y a du génie dans l’air. C’est l’effet Lake.

Philippe Noisette