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Chute en hauteur

mise en scène Jean-Noël Dahan

: Note d’intention préliminaire

« Le projet Chute en hauteur est consacré au thème crucial, originaire du dépassement de l’échec. Quel échec ? Ce n’est pas un échec en particulier qui nous intéresse, mais montrer publiquement ces difficultés intimes par lesquelles on passe pour dépasser un échec (qu’il soit professionnel, amoureux, personnel…) :


  • le ressassement (comment on répète de façon compulsive, obsessionnelle, malgré soi, la situation vécue comme traumatisante);
  • l’inhibition (on ne se permet pas de réussir ; on attend une incitation extérieure
  • le déni de ce qui s’est passé, soit en niant l’échec et ses effets (« T’as pas un peu grossi ? – Non pas du tout »), soit en les reconnaissant trop facilement, en les banalisant (- Oui c’est vrai ça m’arrive…) ;
  • les voix intérieures, voix off qui dévalorisent, violentent, retardent l’individu (quel temps perdu !), voix qui couvrent celle de notre propre désir.

La ligne du spectacle
Pour servir ce projet, la pièce sera composée en contrepoints, à la manière d’une fugue : chaque acteur porte le récit/forme d’un échec et de son dépassement, et ces récits seront lancés successivement, comme les thèmes d’une fugue. Raconter un échec, c’est déjà commencer à le dépasser. C’est pourquoi ce spectacle sur “dépasser l’échec” passera par le récit des échecs eux-mêmes, et pas uniquement par celui de leur dépassement. Dès lors qu’un récit est lancé par un acteur, les autres acteurs sont amenés à devenir les protagonistes de ce récit, sous forme de présences, voix, réminiscences, silhouettes. Ils font peu à peu entrer le spectateur dans l’univers mental de l’acteur-narrateur. Car les difficultés avec les autres ne sont plus finalement, avec le temps, que des difficultés avec soi-même. C’est une première étape du dépassement de l’échec. A ce stade, il peut y avoir un décalage entre ce qu’on prévoit de la réaction de l’autre et la réaction effective. (On veut imaginer malgré soi comment un futur entretien d’embauche ou un rendez-vous amoureux va échouer, et on est surpris de constater qu’il se passe bien.) La répétition angoissante inhérente au cauchemar peut progressivement se modifier, comme dans un rêve, laissant peu à peu la place au désir retrouvé du personnage. On pourra par exemple rejouer plusieurs fois une séquence d’échec, mais avec à chaque fois de légers décalages, qui transformeront cet échec en issue. On comprend alors que, souvent, on ressasse de ne pas entrer dans sa propre création.


Polyphonie
Ce spectacle ne prendra pas la forme du monologue, mais sera interprété par plusieurs acteurs, car il nous semble que l’échec, même s’il est personnel, est plus ou moins lié au regard des autres sur soi, et à ce que nous fantasmons de ce regard. On n’échoue jamais seul, même si en définitive l’échec ne regarde plus que soi, mais là déjà on va un petit peu mieux… Chaque récit-forme, porté chacun par un acteur ou une actrice, constitue un tout cohérent, une forme théâtrale à part entière. Ces récits pourront se frôler, se croiser, se chevaucher, s’entrecouper, dans le contenu (un personnage en rencontre un autre dans son histoire) comme dans la forme du récit (un personnage interrompt l’histoire d’un autre pour proposer la sienne). Cette composition fuguée du spectacle permet de rentrer dans des temps différents du dévoilement de l’échec : l’histoire de l’un sera connu dès le début, celle d’un autre ne sera dévoilée qu’à la fin, créant le suspens et l’attente du spectateur quant à ses motivations. Il ne sera pas question de produire des témoignages de type “télévisuel”, extérieurs, mais plutôt d’accompagner les personnages dans leur intimité même, comme si nous avions accès à leurs pensées, leurs angoisses, leurs désirs. L’émotion, nous le souhaitons, sera alors pour le spectateur aussi évidente que “dépasser l’échec” nous concerne à peu près tous, de près ou de loin. De là pourra aussi naître le rire, gêné – ou franc, car assister à un échec peut être irrésistiblement drôle.


Méthode de travail
Le spectacle sera composé à partir d’improvisations et de récits imaginés par les acteurs et le metteur en scène. Suivant les indications du metteur en scène, chaque acteur nourrit et oriente peu à peu son personnage, tandis que les autres acteurs se mettent au service de cet imaginaire. C’est une écriture collective, dans ce va-et-vient sur le plateau, ce dialogue entre acteurs, et entre acteur(s) et metteur en scène.
J’ai déjà eu l’occasion de pratiquer ce type de travail, en tant que dramaturge (UnPlusUn, m.e.s. Jean-Yves Ruf) et metteur en scène (Work in congress et La Rumeur). Il permet selon moi une grande cohérence de tous les éléments scéniques, et d’être au plus près de l’émotion des comédiens.»

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