Après la guerre de Troie, au cours de laquelle Achille a tué Hector, la femme de ce dernier, Andromaque, est recueillie avec son fils Astyanax par Pyrrhus, fils d’Achille. Pyrrhus tombe amoureux d'elle alors qu'il doit en principe épouser Hermione, fille du roi de Sparte, Ménélas. Pyrrhus alors lui propose de l’épouser et en même temps par cette union de sauver son fils dont les grecs réclament la mort. Un piège terrible se referme alors sur Andromaque. Elle est partagée entre l'amour de son fils et le dégoût que lui inspire Pyrrhus, meurtrier de son cher époux. La situation est suspendue à sa décision...

Une comédienne soutenue par un musicien incarnera Andromaque et donnera à voir une traversée de la tragédie dans la langue de Racine, pour un portrait intime d’une femme qui combat pour sauver son fils...

J’ai choisi de traiter cette tragédie comme un monologue en conservant la langue de Jean Racine, afin de découvrir cette femme déchirée, qui pour sauver son fils doit épouser le meurtrier de son mari.

Entre respect de ses morts et amour pour son fils, elle se bat, tel un chef de guerre, nous donnant à voir ses forces et ses faiblesses, son conflit intérieur, son amour et sa haine, sa peur et ses doutes, son espérance et sa douleur...
Andromaque pose la question du choix, de la responsabilité, de l’engagement, l'aspiration à la pureté, de l’amour maternel, l’amour conjugal, de la fidélité, des tentatives de compromis, de la quête du bonheur et de sa définition, du pouvoir, de l’Autre, de l’héritage...

Le personnage d'Andromaque symbolise la femme dans toute sa diversité, lui conférant une dimension universelle...
Andromaque semble dans l’oubli d’elle-même, seule l’inquiète la vie de son fils et sa fidélité à Hector, faisant apparaître la proposition de Pyrrhus comme un choix entre le pire et le pire. Elle parcourt jusqu’au bout une route, pleine de doutes, de questions, où les sentiments sont à vifs, exacerbés. Mais dans son épreuve, elle se révèle à elle-même, cherchant tel un stratège le moyen de garder son fils en vie, déployant des forces ignorées, faisant d’Andromaque, un personnage flamboyant...

Celle Qui se Bat Comme un Homme… Andromaque est une adaptation de la tragédie de Racine, où la langue de l’auteur est préservée. L’adaptation a consisté en la création de passerelles pour garder toute la cohérence de l’œuvre, avec l’envie de mettre Andromaque au centre, donnant naissance à un monologue où Andromaque parle et fait parler les autres allant parfois jusqu’à l’incarnation...
J’ai abordé l’interprétation de ce personnage d’une manière épurée et approfondie, résultat des réflexions sur le jeu du comédien, sans détourner l’attention due à la tragédie.
Je donne une importance au décor verbal.
La scène sera délimitée par des voiles et des cordes qui se feront échos des liens avec le passé, symbole de sa captivité, écran pour refléter les images du passé, accessoires pour affronter le présent.
Sur la scène quasi nue, brute, Il y aura un simple matelas pour couche, une bassine, une valise, un portrait et une pierre...
La scénographie a pour objectif de symboliser le questionnement, le doute, la captivité, le passé, un lieu atemporel où Andromaque explore le champ des relations et son âme en jouant avec les cordes voiles et accessoires...
Son costume est simple, dépouillé, épurée, atemporel, juste reflet du personnage, de sa situation par le choix des matières et des couleurs.

La musique, création musicale originale, empreinte d’un métissage entre Europe et Afrique, accompagne les mouvements du corps et de l’esprit d’Andromaque, pouvant aussi illustrer les autres protagonistes. Elle est sans empreinte de style ou de genre, mais comme un sous titre, un méta langage, soulignant les mouvements du personnages par moment presque chorégraphiés comme un ballet, rappelant des bruits de des Grecs qui grondent, d’une menace qui avance...

Véronique Essaka-De Kerpel