L’illusion est ce qui se joue de nous.
L'illusion est le décalage entre l'homme et le monde, entre ses désirs et la réalité.

Peut-on vivre sans illusion ?
Et la pire des illusions n'est elle pas de se croire hors de portée des illusions ?

L’illusion inquiète.
Elle nous menace d’une déception possible, d'une souffrance.
Ce qu’elle représente nous ne le savons qu'au moment où elle vient déchirer notre vie.

Illusion ou désillusion ?

Pourquoi l'homme ne se contente-il pas de l’illusion ?
Pourquoi cet attachement de l’homme à la vérité alors que la vérité est souvent cruelle ? Cela nous montre que l’homme n’est pas seulement désir, mais aussi porteur d’une exigence de vérité. Mais la vérité est toujours décevante à l’un de nos désirs.

Vivre, c’est toujours entretenir un certain nombre d’illusions de nous-mêmes et du monde.
Dans "Cap au Pire" je vois le personnage beckettien comme une voix, un chant.
Un homme, comme un illusionniste illusionné face à une représentation du monde.

Dans un théâtre, le personnage se tient dos au public, face à un autre théâtre, celui de ses représentations. Encore et encore il est un train de dire et de "dédire" ce qu'il voit pour mieux voir et nous faire voir ce qu'il voit dans la pénombre de son théâtre et de ses idées.
Mais c'est l'illusion qui est victorieuse et l'illusionniste est lui-même trompé.

La mise en mots et en lecture de cette écriture est placée sous le signe d'une illusion de nos visions individuelles et collectives.

L'homme, le personnage n'agit, par la parole, qu'en étant porté par l'illusion d'atteindre une vérité. Mais ce n'est que la déception, la désillusion de ce qui se concrétise, de ce qu'il aperçoit, qui le pousse à continuer jusqu'à perdre le souffle, car nommer, dire, "dire encore" est ainsi et devient ici l'ultime illusion d'être.