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Café polisson

Jacques Verzier ( Mise en scène ) , Nathalie Joly ( Conception )


: Présentation

Création pour l’ouverture de l’exposition “Splendeurs et misères, images de la prostitution 1850-1910” au Musée d’Orsay

A la Belle époque l’excitation est à son comble dans les cafés-concerts. Les Diseuses développent l’art des inflexions pour échapper à la censure, multipliant les allusions à la sexualité. La frontière entre l’artiste et la courtisane, entre la grisette et la lorette, est aussi mince qu’est inépuisable le vocabulaire pour nommer toutes les femmes associées à la prostitution. Pierreuse, demi-mondaine, verseuse, gueuse, syphilitique, mais aussi buveuse d’absinthe, adepte des amours saphiques, dame entretenue qui préfère les vieux, tenancière ou petite bonne d’hôtel, sont les figures centrales des chansons que nous avons choisies. : La musique raconte un moment intime de leur solitude. La polissonnerie, la coquinerie et l’humour sont un exutoire bienvenu dans ces vies souvent moins roses que la soie de leurs dessous fripons ! La confusion règne. Le théâtre est le lieu de prédilection des courtisanes, et les jeunes artistes connaissent, pour survivre, la spirale de la prostitution. Elles font semblant de séduire alors qu’elles sont à vendre. De la loge de l’actrice à la chambre de la femme publique, la frontière est poreuse. C’est sur ce « demi-monde » que nous nous sommes concentrés, celui de la scène, de la salle, de la loge… avec son cabinet de toilette, et derrière la porte, son cabinet noir. Les filles de bar entraînent le consommateur vers la capitale du plaisir; à la scène elles deviennent des personnages de revue.
Le monde nocturne est masculin, interdit à la femme, compagne d’amusement ou distraction sexuelle, qui n’a sa place que sur scène ou comme fille de salle. Le corps de l’actrice est devenu, à la Belle époque, l’objet même du spectacle. Les représentations du corps de la femme sont des fantasmes dominants dans un système qui enfermait les femmes et les empêchait de s’exprimer. Le spectacle reflète les comportements sexuels et érotiques des spectateurs. Mais qui regarde qui ? La scénographie est un tableau, en miroir de l’exposition. Le public est peint sur une toile en fond de scène, comme face à lui-même. Certaines cérémonies érotiques ont inspiré aux peintres des tableaux présentés dans l’exposition; ces images prendront corps sur la scène : un moment de toilette, un huis clos, un face à face avec la « fée verte » ... La lumière renforce l’impression d’attente ou d’enfermement. Le décor et la mise en scène donnent de la distance par rapport au frémissement du velours rouge. Pour rendre compte de l’éclectisme et du foisonnement des numéros de caf’-conç’, il y a des danses aux multiples influences, des numéros de cabaret, du bandonéon, du cinématographe. Le film d’Alice Guy (qui a inventé le film de fiction), est un clin d’œil au phénomène de dansomanie qui montre l’effervescence des bals émergeant après la seconde moitié du 19ème siècle avec un engouement pour la danse dans lesquels se développe la prostitution. Nous avons privilégié le répertoire chanté du second empire jusqu’à la belle époque, sans nous interdire quelques incursions plus tardives. Il fallait la vocalité des chansons issues de l’opérette, la grivoiserie des chansons paillardes, la jubilation et la truculence des couplets des Diseuses fin de siècle qui ont pu jouer et dire leur envie de liberté, ce qui est rare, avec quelques chansons puisées, à la grande époque des caf’conc’ Montmartrois, dans le répertoire d’Yvette Guilbert que nous explorons depuis neuf ans.

Nathalie Joly et Jacques Verzier

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