LA PIECE

Toni boxe, enfin…il a boxé, dans la catégorie mi-lourd. La presse parlait de lui comme d'une valeur sûre. Il se voyait déjà entre Rocky Marciano et Cassius Clay. Olga, sa femme, shampouinait à longueur de journée dans un salon de coiffure, rêvant à un avenir meilleur : Toni, un dieu vivant, une star du ring et elle à ses cotés, des gagnants ! Toni et Olga unis dans le rêve et l'espoir jusqu'au match de trop. Et là, la dégringolade, la solitude : personne n'aime perdre, personne n’aime les perdants…
Ainsi, après avoir cru en la magie de la boxe, magie qui ne vaut que pour les Muhammad Ali, Toni en découvre la malédiction, ses accointances de toujours avec les milieux louches, délinquants, c'est-à-dire la part des vaincus, jusqu’au glissement vers la perte irrémédiable.

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NOTE D’INTENTION

Pour Toni et Olga, la boxe ne se limite pas au ring. Pour s'en sortir il faut aussi boxer avec la vie, boxer pour apprendre à encaisser les coups, boxer pour survivre jour après jour, pour résister à l'humiliation des nantis, pour s'évader d'un réel qui ne leur fait pas de cadeaux, boxer enfin pour pouvoir encore rêver, malgré tout. Mais leur désir d'accéder à un avenir meilleur ne suffit pas. Ils ont beau lutter, résister, ils n'en sont pas moins happés vers le bas, condamnés à rester dans leur condition sociale, violemment rejetés par une société au sommet de laquelle ils voulaient se hisser.
Ainsi Boxe questionne les valeurs de notre société qui, affichant des idéaux de gloire et de réussite, abandonne avec mépris ceux qui échouent, ceux qu'elle ne peut aduler.
Ce spectacle, par le biais de différentes techniques telles le jeu, la vidéo et le son, veut aussi faire le portrait d’un sport dont la violence, soigneusement encadrée, fait écho aux luttes les plus primaires, aux confrontations les plus rudimentaires et à une conception purement compétitive des rapports humains. Ainsi, le ring de boxe décrit un univers radical où les notions d'échange, de dialogue et de partage n'ont pas droit de cité et où seul importe de vaincre… : voilà dévoilée et radiographiée, en quelque sorte, la part brutale de notre monde.