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Bacchantes

Margot Simonney ( Mise en scène ) , Louise Hakim ( Chorégraphie ) , Juan Camilo Hernandez Sanchez ( Musique )


: Présentation

"Je ne sais pas ce que mon âme sauvage a décidé à l'intérieur de moi", dit la Médée d'Euripide. Il s'agira, le temps d'une bacchanale de réfléchir à ce qui fonde et met en cause notre identité, notre humanité.

Il faut le dire, Les Bacchantes, c’est l’histoire d’un dieu violent parce qu’on ne l’honore pas. La réponse sanglante de Dionysos au rejet dont il est victime (la cité thébaine refuse de reconnaître ne serait-ce que son existence) rappelle les violences amplifiées et éclatantes, à la fois causées en silence et condamnées par nos sociétés occidentales. Car le texte d’Euripide pose la question de la légitimité de cette violence en retour d’une violence première plus discrète, mise en place par le pouvoir politique. Le double mouvement de fascination et de rejet qu’exerce l’Autre est porté dans la pièce par Dionysos et les femmes, et paraît central dans la dynamique mortifère mise en place par une société. Dionysos, éternel étranger, est l’ « Autre » : parler du rapport des hommes à lui, c’est donc parler plus généralement du rapport d’une société au reste du monde.


Les Bacchantes, c’est l’histoire d’une lutte, d’une guerre. Mais une guerre pour quoi et contre qui, au juste? Les bacchantes interrogent le « Pourquoi nous battons-nous? ». Car le texte met en abyme le rôle politique des arts de la scène dans la cité. Il parle de ce qui se passe de sidérant et vital sur scène, par le biais du corps ici, de la voix, devant nous, jouant avec les codes, dépassant les sexes, les origines, la géographie, pour trouver une apothéose, une épiphanie dans le ici, maintenant que prône Dionysos. Trouver un moyen de faire avec ce qui est différent, ce qui dérange, savoir accepter l’autre sans chercher à l’intégrer de manière écrasante, à l’annuler. L’absence de passivité que demande tout art de la scène, la participation au délire, un investissement corporel du spectateur aussi, avec le risque d’être pris dans le délire dionysiaque, voilà le sujet des Bacchantes.


Car Les bacchantes, c’est aussi un hymne à la jouissance et au lâcher-prise, là où entre le vivant dans le mécanique. Ainsi nous tiendrons tête à la notion de délire, tenue si haute par le Dieu, délire sain, celui où l’acte apparemment fou est un acte de résistance ou de régulation face à une société qui dysfonctionne. Tenir tête aux possibilités du partage de ce délire, sans céder à certains clichés contemporains — trop balisés — de la folie, voilà notre quête.


Des bacchanales renouvelées pour repenser notre rapport à l’autre, oui, mais surtout à l’autre qui se trouve en soi. Afin d’affronter et d’accepter le fait qu’avant même que l’autre nous soit différent, nous sommes « Étrangers à nous-même » pour reprendre les mots de Julia Kristeva, même dans ce que cela contient de tabou. C’est cela, le lâcher-prise dionysiaque que demande toute bacchanale.

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