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Avenir radieux, une fission française

+ d'infos sur le texte de Nicolas Lambert
mise en scène Nicolas Lambert

: Notes d’intention

Faire un spectacle vivant dans l'artisanat du théâtre en prenant ces choses-là pour objet, pendant que la société du spectacle prétend nous divertir en mettant en jeu des sommes colossales pour divertir notre attention.


Le fait nucléaire français se pose en cette deuxième décennie du 21ème siècle comme une évidence telle que toute discussion est considérée comme une contestation et derechef déconsidérée.


Son histoire tient du conte merveilleux pour enfants et ne tolère ni froncement de sourcil, ni interrogation et pourrait se raconter ainsi : « un jour, Le Général vit qu’il ne serait pas bon pour son Peuple qu’il fut dépendant de l’énergie d’autres puissances. Il décida que ses savants et industriels devaient créer, seuls, les moyens de palier cet état en devenant une Grande-Puissance-Nucléaire ».


On est prié de continuer à croire cette histoire «abracadabrantesque»: un pays vaincu si facilement par le Troisième Reich, devient dans les ruines de la reconstruction des années 50, une très grande puissance nucléaire, toute seule, juste parce qu’elle en a une très grande envie. Quand on sait aujourd’hui ce qu’il en coûte diplomatiquement à d’immenses pays comme l’Iran d’oser réclamer le droit d’utiliser l’énergie nucléaire dite civile, est-on en droit de réexaminer ce conte pour enfants ?


Le pétrole, le nucléaire et l’armement sont aujourd’hui les sources de richesse de la France comme le pâturage et le labourage en étaient les mamelles il y a lurette. À ceci près que l’on est ici en présence d’enjeux existentiels et universels qui peuvent mettre en cause la viabilité non seulement du pays mais aussi de la planète pour les générations immédiatement à venir.


Le débat devrait donc être vif sur ces sujets, les opinions s’échanger régulièrement, les parlementaires saisir ces sujets, interroger les gouvernants, et les citoyens leurs élus sur les options prises, sur la puissance des industriels de l’énergie ou de l’armement qui tirent leur pouvoir et leurs fortunes gigantesques des commandes des états.


Or, non.


Silence.


L’information relative à ces sujets est confisquée. La presse papier ou audiovisuelle est la propriété de ces mêmes industriels de l’énergie ou de l’armement qui tirent leur pouvoir et leurs fortunes gigantesques des commandes des états et qui ont contribué à faire de l’information un robinet perpétuellement ouvert qui inonde les esprits sans qu’il soit question de comprendre quoi que ce soit pour le consommateur noyé par l’image, les flux, les sons.


Aujourd’hui, le nucléaire civil conçu à l’origine pour légitimer, dissimuler et rentabiliser les investissements publics colossaux est familier, intégré, ingéré. Tchernobyl est maintenant vingt cinq ans derrière nous et évoque plus aux jeunes génération la fin du soviétisme que la catastrophe invitant les peuples à « sortir du nucléaire » au plus tôt. Les questions de base (quels dangers ? quels coûts ? quelles alternatives ? quelle légitimité ont les pays qui détiennent cette puissance ? pourquoi et à qui la refuser si cette puissance est légitime pour remplacer des ressources fossiles s’épuisant ?) sont occultées par une omniprésence de la communication d’Areva ou d’EDF (« le nucléaire c’est propre et il n’y a pas d’alternative crédible. Point ») et de son représentant de commerce le plus efficace : le(s) Président(s) de la République Française.

Nicolas Lambert

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