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Au bout de la nuit

+ d'infos sur l'adaptation de Annette Lowcay ,
mise en scène Jérôme Bigo

: Le propos artistique

Il s’agit de proposer une création artistique à partir d’un témoignage. Mais comment s'effacer devant l'histoire, parce que cette histoire est vraie, tout en prenant notre place d’artistes créateurs ? Nous avons choisi la sobriété. Cette exigence nous a menés vers une adaptation respectant la véracité du récit, une écriture scénique alternant entre récit et dialogues, découpée en tableaux vifs et brefs, une histoire racontée au présent par Nicole (aujourd’hui âgée de 50 ans) et ponctuée par la vibration tripale du violoncelle et les sons urbains du hip-hop. Les souvenirs s’effeuillent avec pudeur comme on tourne les pages d’un album photo. L'écriture de Nicole Castioni va droit à l’essentiel, dans une syntaxe dépouillée, sans effet littéraire. Laissant le spectateur libre de son jugement, ce témoignage est livré factuellement, sans analyse, et c’est là toute sa force.


La symbolique l’emporte sur le réalisme, met ainsi en valeur la véracité des situations et fait place à la théâtralité. Un décor sobre mais éloquent suggère les lieux. De forme elliptique, il reflète l’intimité de la jeune fille mais aussi son enfermement : il n’y a aucune issue, comme dans la spirale infernale de la dépendance à la coke, à l’argent, à son amoureux-proxénète et à sa culpabilité. Trace indélébile laissé par le violeur, cette culpabilité rôde comme une présence continuelle. Ainsi la silhouette au grand manteau gris jalonne l’inexorable processus d’autodestruction.




Une comédienne seule en scène interprète tous les personnages de l’histoire parce qu’au fond il n’y a qu’un seul rôle : celui de Nicole qui raconte la passion amoureuse, le chantage affectif, la dépendance à la drogue et l’aliénation. La mise en scène suit une progression en deux temps : le processus d’autodestruction puis la reconstruction. La première partie de la vie de Nicole se révèle étonnamment intemporelle et universelle : les engrenages qui mènent aujourd’hui à la prostitution sont les mêmes qu’hier, et de l’Afrique à l’Asie, de l’Europe de l’Est à l’Occident, les histoires sont étrangement banales et similaires. Cependant, c'est celle de Nicole que nous avons choisie, car, loin du cliché attendu, elle nous apporte, dans une seconde partie, un témoignage exceptionnel de courage : une reconstruction d’un équilibre fragile où Nicole se bat comme sur un ring de boxe, accuse les coups et se relève pour finalement devenir juge et députée. Extraordinaire ascension. Cependant la réussite de Nicole tient moins à ce statut social qu’au fait de se battre pour être heureuse.


L’autodérision de Nicole,la fantaisie, la tendresse et la gravité nous font passer des larmes au rire. Ce spectacle est un cri d’humanité, un petit bout de soleil qu’on espère voir poindre au bout de la nuit.

Jérôme Bigo et Annette Lowcay

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