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Au Commencement Etait Le Verbe

+ d'infos sur le texte de Elise Jadelot
mise en scène Elise Jadelot

: Note d'intention

De l’écriture …


Il y a une image qui ne me quitte pas.
Celle d’un homme de 40 ans qui tient son stylo devant moi et qui use de toute sa force pour le maintenir en l’air . Sa feuille tremble un peu : il écrit son premier mot...
C’était à la Maison d’Arrêt de la Santé.
En prison, la communication est biaisée, les relations sont effleurées, les seuls éléments concrets sont l’attente d’une sortie et l’amour de quelqu'un, qui que ce soit, qui attend à l’extérieur.
L’annonce d’une libération et l’amour se présentent alors sous la même forme : par l’arrivée d’une lettre...
Précisément, Au commencement était le verbe est avant tout une histoire de lettres, celles qui s’écrivent et s’affichent dans la cellule sans être envoyées – lettres qui constituent le corps de la pièce - et celle que la protagoniste attend désespérément – à laquelle on n’aura pas accès.


… à la mise en scène._



Lorsque j’ai écrit cette pièce, j’ai eu la volonté de mettre dès le départ le spectateur en terrain neutre : la protagoniste n’a pas de prénom et le lieu dans lequel elle emménage reste indéterminé.
Mon objectif était que chaque personne puisse se projeter en elle et imaginer dans quel endroit elle évolue (internat, asile psychiatrique, chambre de bonne) jusqu’au dénouement final. A ce moment seulement, ce lieu imaginaire se fige dans une réalité froide : celle d’une cellule de prison.
Mon souhait était également de provoquer une expérience dans la mise en scène et dans l’écriture.
Dans l’écriture tout d’abord : le peu d’information que l’on possède sur cette anonyme permet au spectateur d’effleurer seulement sa personnalité et de ne pas la juger sur ce qu’elle aurait vécu.
Dans la mise en scène enfin : la comédienne évolue dans un espace réduit en avant scène et prend à partie le spectateur à travers tout un jeu de regards. La comédienne et le spectateur, individuellement, communiquent.
A travers ce double engagement, j’ai voulu créer pour le spectateur une proximité inhabituelle avec la comédienne et l’ancrer dans le même présent. Si le spectateur ignore le passé de la protagoniste et se sent inclus dans le même espace, il ne devient pas un geôlier qui regarde à travers l’oeilleton de la cellule mais l’exacte opposé : un co-détenu.
Une cellule de prison mesure 9m2. Pour moi, il était naturel que la comédienne évolue dans cette surface restreinte.
Cependant, hormis cette réalité, je ne souhaitais pas baigner dans l’ultra réalisme de la prison, bien au contraire. L’imaginaire devait prédominer. Il était nécessaire de permettre au personnage de créer et de faire évoluer son espace de vie instantanément comme elle le ferait dans son esprit.
Pour ce faire, la comédienne transforme l’espace sur scène au fur et à mesure du déroulement de la pièce. L’espace scénique dépouillé devient peuplé d’objets. .A mi-chemin entre le réel et l’imaginaire, ces objets deviennent transversaux. Le carton, symbole du déménagement, devient tour à tour écritoire, fauteuil et cercueil. L’espace de jeu est sobre et mouvant habité par une comédienne dont la légèreté du jeu tranche avec la gravité des mots qu’elle fait exister.

Elise Jadelot

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