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Antigone

+ d'infos sur le texte de Jean Anouilh
mise en scène Irène Dupret-Jargot

: Notes d’intention et de mise en scène

Pourquoi Antigone ?


Vouloir mettre en scène Antigone c’est vouloir raconter une histoire.
L’histoire d’une jeune fille rebelle et idéaliste, éprise de liberté.
L’histoire d’une jeune fille, seule face au monde, qui trouve la force de dire « non » à ce qu’elle trouve injuste.
L’histoire d’une révoltée, d’une indignée, d’une insoumise, qui agit au risque de se mettre en danger.
Si Antigone ne veut pas laisser le corps de son frère, Polynice, pourrir au soleil où il serait mangé par des charognards, ce n’est pas seulement parce qu’elle l’aime.
C’est parce qu’elle pense qu’il a sa dignité et qu’il est inadmissible de lui refuser la paix à laquelle a le droit chaque mort. Et que la dignité appartient à chaque être humain. Si une loi s’oppose à la dignité et au respect des morts, alors il faut s’opposer à cette loi.
Pour Antigone la loi de la vie et des Dieux est au-dessus des lois fabriquées par les hommes, qui sont parfois injustes et immorales.
Antigone est pour moi la figure du combat et de la liberté, du courage aussi de ceux qui trouve la force de résister, de lutter. Ce petit bout de femme fait face, à elle seule, au pouvoir établi représenté ici par le personnage de Créon. Elle n’a pas peur de mourir, elle poursuit son chemin vers la mort, sans remords. Tout le monde accepte que Polynice soit offert en pâture car il a été reconnu comme traitre et s’est dressé contre le pouvoir en place. Tout le monde accepte l’ignominie de lui refuser une sépulture décente, sauf Antigone, qui n’accepte pas. Elle a la force de résister contre ce qu’elle pense être une injustice, même si la loi affirme le contraire.


Elle résiste et agit, contrairement à sa sœur Ismène, qui est d’accord avec Antigone et qui voudrait agir, mais ne le fait pas, découragée par Antigone, qui, elle agit avant de dire.

Pourquoi Antigone d’Anouilh ?


Dans Antigone de Sophocle on rencontre déjà la force de ce personnage d’Antigone, mais nous sommes dans la construction de la pure tragédie classique. Avec la pièce d’ Anouilh, on retrouve la même force du personnage d’Antigone mais il y a une modernité, une accessibilité et une certaine fraicheur dans l’écriture. Il y a aussi un jeu avec le public qui est pris à parti dès le début de la pièce, l’auteur par l’intermédiaire du prologue-qui devient ici un personnage- nous présente la situation : le spectateur devient alors témoin de ce qui se joue sur scène. Il n’y a pas vraiment de marque temporelle, et avec cette version, par le visage d’Antigone, on peut voir l’incarnation de toutes les résistances : résistance contre l’occupation ( la pièce a été représentée la première fois en février 1944!) Plus proche de nous on peut y voir la figure de la désobéissance civile. Cette Antigone a aussi quelque- chose de la révolte adolescente, elle est sans concession. Créon, plus humain et plus doux que dans la tragédie de Sophocle, essaye de la dissuader, lui donne une chance de s’en sortir mais Antigone est trop fière, elle n’accepte pas. Antigone c’est aussi la figure de l’adolescence, l’âge où l’on ne veut pas transiger, l’âge où l’on est porté par ses idéaux et où nous ne voulons faire aucune concession.


La scénographie


Au lointain, un grand cyclorama de couleur orangé, qui se découpera en trois portes :


• La porte du pouvoir, celle qui domine la scène, au centre : ne sera empruntée que par Créon, son page et ses gardes
• La porte d’Antigone, celle qui mène au dehors, au monde extérieur et aussi à l’acte dissident, côté jardin...
• La porte côté cour, qui représente le foyer, la sécurité, celle de tous les autres personnages.


Ce cyclorama permettra aussi par moment un jeu d’ombres chinoises, pour faire vivre des personnages qui ne sont que l’ombre d’eux- même comme la femme de Créon que le public ne verra jamais que sous forme d’ombre. Sur la scène, le côté cour servira d’emplacement au chœur, délimité par une rampe lumineuse arrondie.


Le choeur


Comme dans la tragédie Grecque, il y a le chœur qui se placera toujours côté cour, en demi- cercle. Le Chœur ne sera pas incarné par un seul personnage mais pas plusieurs personnages, qui diront ensemble le texte, les uns après les autres de façon originale, la parole se passera de façon inattendue et en même temps, cela rapprochera le chœur du public car le chœur s’adresse au public, directement et simplement. Cela rend par exemple tout le début du chœur très accessible, car ce sont les comédiens qui s’adressent directement au public. Pour le chœur ce sont les comédiens qui disent le texte et non des personnages. Ce sont les comédiens et le public comprend qu’ils ne jouent plus leur personnage. Ces comédiens sont donc proche du public, et il y aura une connivence qui s’instaurera entre eux.
Il y aura une respiration entre le chœur, le côté cour et les autres personnages.
Cela permettra de rééquilibrer les forces de la scène entre cour et jardin.
Quand le chœur s’adressera à Créon, le public n’entendra que des voix venant du lointain : cela renforcera la solitude du personnage de Créon qui se retrouvera seul face au monde, seul face à son pouvoir, seul face à sa solitude. A la fin, il a perdu son fils, Hémon, puis sa femme Eurydice.


Porte centrale : porte du pouvoir emprunté par Créon et les Gardes
Un jeu de lumière accentuera le gigantisme de Créon grâce à un jeu d’ombre chinoise. On aperçoit aussi la scène qui se couvre progressivement de terre. On aperçoit aussi le chœur. Côté cour, côté chœur.
Trois personnages pour incarner ce chœur.


Antigone devant le fond au lointain. Variations de la couleur au lointain, dans les teintes orangées allant jusqu’au rose/ bordeaux


Les costumes


Les costumes permettront de souligner une idée (par exemple par la signification de la couleur) et en même temps seront très simples et intemporelles.


Antigone aura une robe mi- longue et rouge, avec un blouson en cuir noir.
Rouge couleur de la colère
Rouge couleur de la révolte du sang


Créon aura un costume noir, très chic.
Hémon en blanc, pureté de la jeunesse et de l’amour. Un costume en lin blanc.


Ismène aura une robe longue couleur Jaune soleil, couleur du jour, lumière d’Apollon.


La nourrice aura une longue robe gris clair et un gilet gris foncé


Les gardes qui représentent l’ordre et l’obéissance seront habillés de noir comme Créon, en tenue faisant penser à une garde rapprochée. Ils auront des casquettes et treillis noir pour leur donner une certaine modernité. Ils apporteront un peu de comique à la pièce.


Les éléments


Il s’agira de jouer avec les quatre éléments, car les éléments sont pour moi des métaphores d’Antigone : le vent qui se déchaine, le feu qui se consume et meurt à force de brûler, la terre dont elle se sert pour ensevelir son frère et qui nous rappelle qu’on finira en terre, l’eau qui peut être profonde, couler ou au contraire s’agiter, l’eau symbole de la vie et de la féminité aussi.


Il y aura un tas de terre qui représentera le corps de Polynice et un peu de terre sur la scène, qu’Antigone aura jetée.
La terre : sur la scène il y aura de la terre un peu partout comme si la terre recouvrait le palais de Créon, au fur à mesure du spectacle il y en aura de plus en plus. La terre sera amenée par les gardes ou se déversera grâce aux cubes qui composent la scénographie.
L’élément du feu sera représenté,lorsque le garde brulera la lettre d'Antigone. Le feu qui représente la fureur des Dieux, le feu qui se consume sans arrêt pour mieux mourir, le feu métaphore d’Antigone, le feu métaphore de la révolte, le feu de l’espoir d’Antigone ... Le feu est aussi pour moi l’élément de la démesure, l’ « hybris, » celui qui est condamné dans la tragédie grecque.


Il y aura une grande bassine d’eau, où régulièrement des personnages viendront se désaltérer ou se laver les mains ou se tremper...
L’eau est l’élément de la pureté. Antigone ne se lave pas les mains, ses mains sont pleines de terre.
L’eau pourrait effacer, nettoyer mais l’eau deviendra trouble , quand Créon plongera la tête d’Antigone violement dans l’eau.
L’eau éclaboussera aussi le public.


L’air, le vent, avant la dernière scène, s’abattra sur scène, sur Créon, éteignant le feu et symboliquement la vie d’Antigone
Une odeur de papier d’Arménie accompagnera la fin du spectacle ...

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