Loin de Troie et des ruines de la guerre, Andromaque est retenue prisonnière avec son fils Astyanax. La tragédie s’enferme dans la captivité d’un palais qui est aussi une prison et qui contient un tombeau, celui d’Hector, mari d’Andromaque, mort au combat. C’est « dans une salle du palais » où a lieu l’action, un lieu indéterminé, espace de croisement, entre-deux. Une salle commune qui accueille les rencontres entre les protagonistes, un lieu de passage et de réception. Une place centrale qu’on ne peut quitter sans être obligé d’y revenir, départ d’un labyrinthe qui ramènerait sans cesse à la case départ. C’est l’endroit où on est obligé d’être, dont on ne peut s’échapper. C’est l’endroit de la parole, du langage, du dire. C’est l’endroit où la parole peut advenir et il faut qu’elle advienne, qu’elles qu’en soient les conséquences, le salut ou la mort. C’est là qu’Andromaque, Hermione, Pyrrhus et Oreste doivent parler, un endroit où on ne peut pas se dérober au regard de l’autre et au regard du public. C’est l’espace des mots, du texte et de sa représentation. Un espace de travail, où on s’acharne à chercher la manière la plus juste de dire, où on essaye et où on se trompe, un lieu pour faire et refaire, un lieu de répétition.