Un si beau pays, la Suisse. Alice projette d’y faire un voyage… Un ultime voyage car elle souffre et n’en peut plus. Or dans ce pays merveilleux un médecin aide les personnes qui le désirent à mourir…Lukas Bärfuss n’a pas peur de fouiller le corps social en s’emparant de sujets tabous qui en intimideraient beaucoup à sa place. Dès l’ouverture de la pièce son écriture précise et froide mais aussi son humour noir s’imposent. C’est ainsi qu’avec habileté il explore le thème de l’euthanasie et montre les bouleversements qu’une telle décision provoque sur le patient et son entourage.

Le spectacle, lui, comme encore en chantier semble se fabriquer sous les yeux des spectateurs qui ont l’impression de suivre une expérience inédite, interdite. Tous les personnages semblent se chercher des repères alors que les certitudes vacillent. Peut-on tout acheter, même sa propre mort ? A-t-on le droit de préférer mourir plutôt que de vivre défiguré par un cancer ? Jusqu’où l’humanité va-t-elle devoir réviser ses principes moraux ?
Lukas Bärfuss se garde bien de répondre à ces questions graves et aborde le sujet avec cocasserie, comme pour mieux souligner les errements d’une époque en voie de devenir folle. Evitant le débat austère, il interroge nos peurs, nos petites lâchetés et nos égoïsmes en 24 séquences rythmées, le propos dérivant vers l’irrationnel, l’absurde et l’humour.
Un texte qui suscite réflexion, émotion et rire salvateur.