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Acrobates

Stéphane Ricordel ( Conception ) , Olivier Meyrou ( Conception )


: Note d'intention

Ce spectacle n’est pas un hommage. C’est le portrait de deux acrobates qui vivent l’acrobatie mais qui sont habités par les enseignements qu’ils ont reçus. C’est un travail sur l’acrobatie et le sensible. Une oscillation entre l’énergie juvénile et la gravité des questionnements identitaires. Alex et Matias sont à l’âge où tout est possible. Quels artistes seront-ils ? Quels hommes seront-ils ?


La dramaturgie et la mise en scène mettent en évidence le dialogue entre leur épanouissement actuel sur le plateau et la puissance du souvenir qui les accompagne et qui revient par vagues. Nous sommes tous les quatre liés par Fabrice à la fois par une matière déjà existante (PARADE, un film commencé du temps des Arts Sauts qui raconte l’histoire de Fabrice, d’Alexandre et de Matias) et par notre amitié commune. C’est cet espace acrobatique et documentaire que nous explorons dans la pièce. C’est l’essence même de ce projet.


J’ai exploré l’acrobatie en tant qu’artiste et metteur en scène. Il est évident qu’il s’agit d’un spectacle de cirque, de poésie, de vol, d’envol. Mais je veux surtout avec ce spectacle transcender le thème de l’Amitié. Ce sujet, l’amitié, est peut être celui qui m’a le plus parlé à travers mes années d’acrobate. Et c’est un thème rarement abordé comme sujet dramaturgique. Il est souvent supplanté par l’amour ou la haine. Il résume pourtant une bonne partie de ce qu’est l’acrobatie : la confiance, l’ouverture, la générosité et le don de soi.


Longtemps j’ai souhaité travailler la dimension documentaire sur un plateau de théâtre mais l’occasion juste ne s’était pas présentée.
Les thèmes que je développe dans mes films touchent souvent à l’universel et les personnes que je filme se questionnent, se remettent en cause, et cherchent des solutions malgré les difficultés. Ces personnages de notre quotidien tiennent la place des héros dans les textes classiques. Car au quotidien aussi il y a quelque chose d’héroïque à devoir surmonter des épreuves insurmontables. C’était le cas de Fabrice, un trapéziste devenu tétraplégique pendant une répétion et qui n’a de cesse de revenir au cirque.


Sur ce projet notre collaboration prend tout son sens. Il y a dans cette histoire hors du commun les ingrédients d’une fable philosophique avec les éléments du réel : la confrontation et l’humilité face à un corps cassé, l’amitié, la réinvention de sa vie, la filiation et une forme de vie après la mort. C’est la dramaturgie de ce spectacle.


J’ai travaillé de façon empirique et en concertation constante avec Stéphane Ricordel mais aussi avec les deux Acrobates qui sont à la fois les interprètes de la pièce et les personnages du documentaire. Je disposais d’une grande quantité de matière sonore et visuelle. Nous avons mis cette matière au service du récit. Avec Sébastien Savine, l’ingénieur du son, nous avons commencé par créer une bande son qui nous a ensuite servi de scénario. François Eudes Chanfrault qui a composé la musique de tous mes films a aussi composé la musique du spectacle.


C’est à partir de cette bande sonore que j’ai mis en scène le spectacle.
J’ai à ma disposition une variété d’options techniques pour accompagner Alex et Matias, les isoler, les faire disparaître, leur donner une place centrale. L’installation doit ouvrir des perspectives nouvelles, à la fois narratives et physiques. Les images d’Olivier deviennent scénographie.
Les interprètes jouent avec des éléments en mouvement : des panneaux transformés en écrans mobiles, un tapis d’acrobatie devenant espace de projection… Parfois la projection englobe la totalité du plateau et à d’autres moments elle est réduite à un fragment. La mission était à la fois simple et délicate : prendre trois sources cohérentes et indépendantes (des sons, des images et l’acrobatie) et les transposer dans un seul volume scénique. C’était à la fois un pari technique et un pari sensible. Ces éléments sont déjà interconnectés. Nous souhaitions faire oublier la machinerie pour entrer de plain-pied dans la dimension humaine. Ce travail n’a de sens que s’il parle de l’humain.
Au final, ce projet est une collaboration entre le monde du spectacle vivant, le monde du documentaire et le monde de la musique.


Mais contrairement au film, où nous suivons l’histoire de Fabrice, le point de vue développé dans Acrobates est celui de Matias et d’Alexandre.
Quelques mois après le décès de leur ami, les deux garçons ne s’interrogent plus tant sur leur ami disparu que sur l’art acrobatique dont ils ont découvert avec lui un potentiel qu’ils n’imaginaient pas.


Nourri par Matias et Alexandre, qui ont «l’âge» et le «vécu» des rôles et pour cause, «Acrobates» raconte le passage à l’âge adulte. Ils s’interrogent sur eux-mêmes, sur le rapport à l’autre, sur le sens de la vie. Leur part d’humanité apparaît à « livre ouvert » et elle nourrit la pièce. Ils ont vieilli au fur et à mesure du tournage et de la production de ce spectacle.


Chacun de nous quatre avions eu une relation très forte, souvent passionnée, avec Fabrice. Ce spectacle est une ode à l’amitié. Mais c’est surtout l’exploration de la tendresse. La tendresse comme une solution possible aux équations de la vie à priori difficilement surmontables et douloureuses.
Ce spectacle va recréer en acrobaties, en sons et en image, l’impact de Fabrice Champion sur nos vies.

Stéphane Ricordel et Olivier Meyrou

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