Évolution notable par rapport au conte original : le personnage principal est une petite fille, interprétée par les deux comédiennes. Une double narration qui permet de proposer plusieurs versions de la même histoire, de relater les péripéties vécues par l’enfant tout en partageant son regard sur le monde. Si la menace qui pèse sur la fratrie est le fondement de l’histoire, Céline Schnepf a préféré mettre en avant un autre point de vue. Elle nous parle tout autant d’aventure que de résilience, de bonheur, de capacité à s’émerveiller. Un théâtre d’émotions profondes, qui dit la richesse de nos ressources intérieures.

Quête contre ses propres peurs, quête identitaire, l’histoire de Poucet touche au fondement de nos peurs archaïques : l’abandon, la dévoration, la violence, la faim jamais totalement assouvie. C’est une histoire d’enfants perdus dans la forêt, d’enfants abandonnés.

Une histoire de forêt aussi, où l’on se retrouve contre son gré, mais où l’on finit peut-être par se trouver vraiment. La forêt apparaît comme un labyrinthe, faite pour perdre celui qui y entre. Tant que le monstre n’est pas approché, il est impossible d’en sortir. Impossible d’éviter la confrontation à l’animalité, même s’il reste indispensable pour tous que les enfants échappent à l’appétit de l’ogre. Parler de la capacité à affronter les obstacles, c’est parler également de la capacité au bonheur. Plutôt que de rendre la menace qui pèse sur les enfants de cette histoire plus douce, Céline Schnepf a préféré en garder la réelle teneur et utiliser différents codes théâtraux permettant la distanciation pour accompagner l’émotion. Cependant, l’accent est autant mis sur la capacité à s’en sortir, sur l’humour toujours nécessaire, que sur la capacité au bonheur et à l’émerveillement.