« À quoi ressemblera 60° Nord ? ». Imaginez que nous écrivons ces lignes deux semaines avant ce moment. Le moment où vous entrez dans la salle. Maintenant. Le temps depuis lequel nous vous écrivons n’est ni celui de votre présent, ni celui du spectacle que vous allez voir. Le temps depuis lequel nous vous écrivons est celui de notre rêve. Nous sommes en train de rêver. Nous rêvons d'une chose que nous ne connaissons pas, qui elle aussi nous rêve. Nous rêvons d'une rencontre entre nous et cette chose qui bouge. Nous l'observons, elle nous observe. Dans notre temps, tout est possible, rien n'est définitif, nous pouvons faire et défaire. Les objets changent de place, les mots s'effacent ou se remplacent. Notre temps, celui dans lequel vous n'êtes pas, est magique. Nous vous adressons ce programme comme une carte postale : devant nous, l'immensité.

Comment remplir la page, allumer un feu dans la nuit ? Comment transformer les miettes en carapaces dorées ? Ce mois de septembre est une fenêtre qui nous a été grande ouverte. S'engager dans la parole. Faire entendre ce qui brûle. Un spectacle qui serait nous. Écrit par l'une d'entre nous, mis en scène par l'un d'entre nous, joué par nous. Pour vous. Pas un spectacle de fin, pas un spectacle sur nous. Un spectacle qui ouvre, qui voyage, qui part au bout du monde. Partir de soi, mais partir loin.

Lucie Digout et Emmanuel Besnault