Money is time. Voilà l’idée sur laquelle est construit X minutes, spectacle évolutif sous-titré comédie durable. Soit une machine de production théâtrale lancée sur un principe purement commercial, sans aucune indication esthétique ni aucune précision de contenu a priori. Le trio Schick/Gremaud/Pavillon vend à qui la veut une tranche de 5 minutes de spectacle, en précisant que les différentes tranches achetées par différents théâtres ou festivals sont cumulatives. Vidy par exemple est le quatrième théâtre à accueillir le projet, il a acheté les minutes 15 à 20 : le spectacle s’appelle donc 20 MINUTES, et il reprend les 15 minutes déjà créées ailleurs en y ajoutant une nouvelle tranche, spécialement élaborée à et pour Vidy. La démarche est conceptuelle. Elle s’accompagne de quelques règles du jeu, purement formelles, par exemple : chaque tranche de 5 minutes est jouée dans la langue ou en relation avec la langue de l’endroit où elle a été créée ; chaque acheteur offre un objet à introduire sur le plateau ; les artistes répètent sur place deux jours, avant chaque première de la pièce augmentée de 5 minutes.

X minutes est un voyage spatio-temporel qui écrit et recueille sa propre histoire, qui contient sa propre archive, en suivant la notion du temps qui passe et des lieux qui se succèdent. L’acheteur prend toujours une part active dans la vie et survie d’un projet scénique, mais ici le geste commercial influe directement sur l’objet artistique : un spectacle potentiellement sans fin, non subventionné, qui devient bénéficiaire dès la 95e minute vendue, et qui se promet, dès la 120e minute, de « faire exploser définitivement les limites du théâtre ».

Affaire à suivre.