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ANR - Rencontres recherche et création
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ANR - Rencontres recherche et création

Agence nationale de la recherche

Type de structure : Institution

Fictions, représentations et politiques

Samedi 11 juillet 2015 | 15h00 - 17h00

La fiction, le théâtre et la recherche ont en commun de permettre la confrontation des points de vue, des interprétations ou des niveaux d’analyse, un jeu par rapport aux croyances et aux émotions. En quoi contribuent-ils à une approche particulière de l’espace public, du politique ?

  • Le débat était animé par Cédric Enjalbert, rédacteur et responsable éditorial du site web de Philosophie Magazine.
  • Avec notamment la participation de Paul Aron, professeur, Université Libre de Bruxelles, Ruth Rosenthal et Xavier Klaine, Winter Family, Thomas Römer, professeur au Collège de France, Chaire « Milieux bibliques », Jonathan Châtel, metteur en scène.

Descriptifs des interventions

L’appropriation du passé, vers un nouveau rapport entre théâtre et politique

  • Paul Aron, directeur de recherches au Fond National de la Recherche Scientifique (FRS-FNRS), professeur à l’Université Libre de Bruxelles

Quelle place et quelles formes le politique prend-t-il dans un théâtre contemporain, qui intervient dans l’espace public sans présenter un « message » univoque ? Une réponse possible à cette question peut être envisagée en partant de l’analyse concrète de deux pièces récemment présentées au Kunstenfestivaldesarts de Bruxelles. Celui-ci offre depuis vingt ans une sélection de spectacles du monde entier. La finalité du festival n’est pas seulement de faire connaître des œuvres d’avant-garde, il insiste aussi sur le rôle que peut jouer l’art dans la cité, sur les liens qu’il permet de nouer et sur sa fonction citoyenne. Le metteur en scène suisse Milo Rau (1977) et sa maison de production International Institute of Political Murder a présenté en 2013 au Kunstenfestival et au Festival d’Avignon son spectacle Hate Radio, qui évoquait les messages de la radio des mille collines au Rwanda et leur effet sur le génocide. Il a ensuite créé The Civil Wars, et cette année The Dark Ages, deuxième volet de La Trilogie de l’Europe. Des acteurs originaires d’Allemagne, de Russie, de Serbie et de Bosnie y partagent des récits personnels sur le déracinement et la dispersion, le départ et l’arrivée, la capitulation et l’espoir, majoritairement en relation avec le siège de Sarajevo (1995) et la guerre en ex-Yougoslavie. On doit le second spectacle au metteur en scène français Sylvain Creuzevault (1982) : Le Capital et son singe, sous-titré « à partir du texte Le Capital de Karl Marx ». Ce spectacle résulte d’un processus de création collective où les acteurs ont progressivement investi des personnages historiques appartenant à deux grands moments révolutionnaires de l’histoire européenne : 1848 en France et 1919 en Allemagne. Ces deux spectacles proposent des voies innovantes pour un théâtre politique actuel. Leurs metteurs en scène appartiennent à la même génération. Ils ont également fréquenté le monde du cinéma pour l’un, de la littérature pour l’autre. Ils convoquent aussi des comédiens dont le travail excède largement celui d’un simple interprète : ce sont leurs histoires réelles que Rau réécrit et met en forme, c’est leur incorporation de personnages historiques qui est la matière de Creuzevault. Plus encore, leurs spectacles peuvent être décrits à partir de concepts comme le « montage » d’éléments hétérogènes, le « parallèle » entre différentes époques historiques, l’ « appropriation » du passé par les acteurs d’aujourd’hui et donc la mise en « connexion » de faits et de récits que le discours médiatique a tendance à séparer. Chacun d’eux livre une interprétation du politique.

La fiction mosaïque

  • Thomas Römer, professeur au Collège de France, chaire « Milieux bibliques »

L’idée que Moïse a écrit le Pentateuque est une fiction religieuse et politique. La mise en question de l’authenticité mosaïque a d’abord provoqué des excommunions et d’autres réactions violentes (Spinoza). Aujourd’hui judaïsme et christianisme (au moins en partie) admettent le caractère fictionnel des textes fondateurs ce qui permet de les situer dans leurs milieux de production primitifs. Il convient également de s’interroger sur les raisons de la fiction mosaïque qui, dans la Torah, reprend des fonctions traditionnelles du roi. En déplaçant le don de la loi sous Moïse, avant la conquête dans le pays et avant l’institution de la royauté, le judaïsme invente en effet la « laïcité », la séparation du religieux et du politique.


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