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V.

+ d'infos sur le texte de Tony Harrison traduit par Jacques Darras
mise en scène Claude Guerre

: V .

Tony Harrison écrit V. en 1985. Long poème épique et dramatique, cri du coeur pour les gens du nord qui se trouvaient au chômage. Tony Harrison donne à la poésie ce rôle politique, engagé, pour éveiller, réveiller les consciences, donner accès à une langue de la rue, pour la confronter à l’élite anglaise. Le fond du texte décrit aussi la lutte amère dans les mines de charbon, le nord industriel anéanti par le thatchérisme et tous les vieux métiers rejetés en si peu de temps. L’air libéral entre de plein fouet.


Un homme découvre la tombe de son père profanée par un hooligan et la lettre V y est taguée. Tony Harrison imagine la rencontre entre le hooligan et l’homme. S’engage alors un match de mots et de maux, mettant à mal toute croyance ; la poésie est mise à terre. Quand plus rien n’est possible, qu’il n’y a plus d’avenir, qu’on vit dans la misère, il reste comme seul espace la haine, on s’en prend alors aux morts, dernier rempart avant l’oubli. Cette lutte on peut aussi la lire comme une confrontation avec son double, l’autre de lui :


  • Skinhead de pisse de merde je parie que tu ignores
  • D’ailleurs on s’en balance que tu le saches ou pas,
  • Qu’en Rimbaud sont unis le poète et le skin,
  • Car du je qui est l’autre, ça c’est sûr l’autre c’est toi !

L’ignorance et le savoir, le beau, la bête et le truand de la langue, déflagration au visage de l’autre, de mots qui restent quand la faille est trop profonde, l’insulte en rafale pour seule défense.


  • … Ceux que nous choisissons sont nos ancres d’amour
  • quand les haussières du sang vacillent ou qu’elles s’éraillent.
  • Mais au-dessus des voix éclate le mépris.
  • C’est mon skin à la bombe, qui m’insulte « sale branleur »
  • Mon double, mon autre moi ne voudrait rien céder,
  • sa bombe lexicale bute sur le mot AIMER,
  • et minant le poème par son UNITED
  • me creuse un contre mètre sous mon mètre régulier…

Harrison plonge dans le poème, comme on plongerait dans le trou, mais il le fait avec un langage de la rue, tout en se servant des quatrains, pour parler de la pauvreté du langage, du racisme, il dénonce un monde en perdition :


  • Le monde d’aujourd’hui où nous sommes surpeuplés
  • commence ses matinées par des mires de télé
  • puis suivent ping-pong, tennis, football ; le tourniquet
  • pivote, par tous la Guerre du Golfe est admirée.

Retenir la poésie encore avant son extinction, comme si elle était comparée à l’extinction de l’espèce animale. Le poème serait alors le seul lieu où pourrait encore se dire cette impossible rencontre. Ne restant que le lieu du poème pour dire avec force, ce qui explose quand il est impossible de se rejoindre.


Vers la fin du poème, il quitte Leeds, pour retrouver sa femme :


  • le rouge sang frais du soir se caille en rouge noirci.
  • Rentrer à la maison et retrouver mon lit
  • Où les contraires parfois peuvent se réunir.
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