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Le Langue-à-langue des chiens de roche

+ d'infos sur le texte de Daniel Danis
mise en scène Michel Didym

: À pour en savoir plus sur le Langue-à-Langue des chiens de roche

Quelle est cette langue que je parle au Québec et diffère-t-elle de celle écrite dans mes pièces de théâtre ; je veux dire tout de suite et cela sans marquer le point d’interrogation que, corps et langue sont uns, ils se nomment et se manifestent de même nature, je précise, l’écriture aboutissante n’est que le prolongement de l’expérience vécue, rêvée, imaginée, j’enfonce mon corps-Québec dans le sol, pour prendre racines, m’interroger sur la langue, la bouche remplie de terre et de lacs, suis-je un rêvé de mondes habités loin des grandes villes, les langues théâtrales se divisent-elles maintenant en deux groupes, villes et campagnes, suis-je un glossaire de quelques mots anciens et de mille anglicismes entremêlés en un savoureux et baveux French kiss, suis-je un chien qui appelle les autres chiens à aboyer dans une langue de roche pour que l’ordre du « parolique » croisse en un arbre fusionnel : le ciel et la terre, les vivre ; alors qu’une partie du monde respire dans un incessant bouger d’inquiétude, mon écriture pédestre recherche-t-elle l’autochtonie de nos ancrages, le théâtre me prend par le ventre, viscéralement, DIRE QUOI À QUI, dans ce lieu où s’image l’entendement public, le dernier retranchement des possibles « rêviques », d’où part donc la fable à raconter, avec quelle langue ; dans un hier rêvé, j’ai découvert que la langue « parolique » se logeait dans le pied gauche, dans la pièce des sombriétudes, un pied gauche lumineux entre, un pied gauche sous des eaux de coraux, un pied gauche de pierre veiné de sang noir marche dans un champ à glaner, le mien, le gauche recouvert de moisissure verdâtre se décompose, se putréfie, se liquéfie en une encre rouge noircie par l’oxygène ; le dire-théâtre, s’il se trouve, débute du sol jusqu’à la bouche de ma main mentale, s’inscrit sur un papier de fable jusqu’à la mémoire des comédiens qui, de leurs lèvres laissent s’échapper depuis leur gorge, des nuages d’humidité si dense qu’une telle concentration de vagues successives des éléments dits fera naître des turbulences violentes jusqu’à une tempête archaïque, invisible pour les uns, ressentie par les autres ; je n’écris pas, le théâtre de ma langue est un acte humide, qui essaie de bâtir de miniatures océans oubliés, d’y répandre des filets et y faire remonter à la surface des mots grouillants et écaillés avec des corps nourriciers pour peut-être mieux saisir les rages et les au secours d’amour de la communauté des miens terriens.

Daniel Danis

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