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Dans le jardin de mon père

+ d'infos sur le texte de Claude Guerre
mise en scène Claude Guerre

: Note d’intention

Par Claude Guerre

Dans le jardin de mon père est un poème dramatique. Ce texte fondé par la poésie appartient au théâtre. Il est la preuve vivante de mon engagement pour un théâtre qui vivifie son cœur battant lyrique, sa forme figurative et sa haute mission politique. Je dis volontiers que la poésie pourrait être aujourd’hui comme une théorie du théâtre. Il n’est pas étonnant que, écrivant depuis toujours du théâtre et de la poésie, je compose pour le dire moi-même sur la scène, ce « Dans le jardin de mon père » que, par défaut, j’appelle poème dramatique.


J’ai besoin de retourner sur le plateau après y avoir beaucoup fait travailler les acteurs. J’ai besoin d’entrer dans mon écriture pour la dire, hautement, et pour prétendre à ce théâtre sans personnages plein de personnages. Dès l’écriture, je savais que je dirai ce texte, moi qui n’ai pas joué depuis dix ans, que « Dans le jardin de mon père » me renvoyait dans mon jardin à moi : les planches


C’est un texte de deuil. C’est le long cri du mal en moi et la douleur existentielle. C’est le chant de la mort reçue et de la mienne entr’aperçue. C’est un texte de la méditation de l’être. C’est un texte expérience. C’est la tentative et la tentation du retour au pays natal. C’est la renaissance impossible. C’est une visitation de soi dans ses premiers choix.


Quand j’ai reconnu cet enfant qui mit si longtemps à naître, j’ai su qu’il sortirait de moi une seconde fois et que je devais entreprendre le long chemin et le dur travail qui l’emmènera sur la scène. Il doit sortir et ressortir de ma bouche. J’espère qu’il sera reconnu et que, un jour je l’entendrai dans une autre bouche. J’aurai ainsi rendu la main tendue. J’aurai laissé ma trace.


Voici le théâtre. C’est un homme et sa peine incompressible. Il commence de chanter. Il nous emmène chez lui où il n’est plus retourné. Un premier gardien l’interpelle aux portes du jardin, c’est le doux Jésus sur sa croix. Il connaît alors qu’il est un Ulysse éternel voyageur, polyglotte cosmopolite. Il entre enfin au jardin, met celle qui l’a fait naître en terre, s’enfuit avec sa douleur au ventre dans la montagne, quitte sa vie, disparaît. Et alors, de l’autre côté de la mort, il le voit son pays, ce jardin de son père, la géographie vivante de sa naissance. Dans la maison du bord de l’eau, il peut enfin se visiter enfant lui-même, rencontre hautement probable de l’existence dans sa quête. Il n’a plus qu’à choisir sa mort dans l’aque originelle, être mangé par les poissons entre Porquerolles et Cézanne, et que mon histoire enfin se termine.


Voici le théâtre, c’est l’histoire d’une vie en train de se faire en se défaisant. C’est l’histoire d’un mec avec lui-même. Ce sont des vers de huit et de neuf, des masculins et des féminins qui se cherchent et parfois se trouvent. Ce sont 2250 vers de rappeur pour être dits en musique. C’est le projet.

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