: La Pièce
De toutes les matières scolaires, celle dont on conserve un souvenir encore emprunt de vivacité et d’éclat, d’étrangeté et de fascination, c’est la « poésie ». Pratiquée généralement à l’intérieur d’une autre matière appelée le « français », c’est une langue à part, autonome, une langue vivante et indocile, un parapet du haut duquel les mots scrutent l’horizon avant de se jeter dans un champ recouvert de mauvaises herbes, ne cherchant ni chemin ni panneau indicateur, mais poursuivant inlassablement un double de nous-même, un être délivré.
Dans l’univers carcéral de la pratique de la langue à l’école, la poésie devient « récitation ». On récite une chose qu’on a apprise. On en extrait le sens et la vie pour n’en conserver que la matière, une matière au service de l’exercice de la mémoire. Et comme par miracle, il naît de cette tentative de dépouillement du poème, un autre poème, un poème nu, dont on n’entend plus qu’une respiration apaisante, sereine, et qui va ourler le monde un court moment d’un ruban d’émotion véritable.
La mort est là qui nous accompagne, mais c’est de la vie qu’elle naît et rien que de la vie car la vie est propre à tout ce qui respire sur notre terre. Et le poème nous le raconte à chaque instant, et nous respirons à chaque instant le poème et chaque instant nous conduit l’instant d’après à un peu plus de vie.
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