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Brutopia

+ d'infos sur le texte de Howard Barker traduit par Isabelle Famchon
mise en scène Guillaume Dujardin

: La pièce

Cécilia a décidé de ne plus aimer son père, Thomas More. Et ce désamour va lui faire écrire un livre. Son père a décrit l’île parfaitement organisée et harmonieuse de l’Utopie, elle va inventer le royaume terrifiant et chaotique de la Brutopie. Et avec rage, violence, obstination, démesure, elle va tout faire pour qu’il soit publié. Et lu.
Cécilia est un monstre. Comme beaucoup d’héroïnes de Barker. Elle est insupportable, implacable, passionnée, et d’une extrême lucidité sur la vie et le monde qui l’entoure. Sa Brutopie est à la fois le fruit de son imagination et la description du monde dans lequel elle vit.
Howard Barker est comme Cécilia. Il est déçu par Thomas More et son Utopie. Il invente alors Brutopia, pièce qui lui sert à raconter le monde dans lequel il vit : le nôtre. Un monde où il n’y a plus de vérités. Un monde où tout se contredit, où le manichéisme n’a plus sa place. Les murs sont tombés. Les espoirs aussi. Et Barker d’inventer un théâtre sans héros positif. Où chaque personnage peut se contredire, peut être tour à tour généreux et égoïste, drôle et pathétique, violent et amoureux sans jamais être moralement jugé par l’auteur qui les conçoit. Un théâtre où il n’y a pas un message à formuler. Un théâtre qui laisse les spectateurs penser par eux-mêmes. Un théâtre qui questionne notre monde mais qui n’y répond pas. Un théâtre exigeant. Un théâtre où l’émotion produit du sens. Où les corps sont mis en jeu. Dans une langue puissante. Un théâtre âpre, plein d’aspérité. Un théâtre de chair et de sang.


Pas de fable anecdotique, chez Barker. Il veut inventer des mythes, il réécrit la Bible ou Le Roi Lear. Ses personnages, il va les chercher dans l’Histoire. Souvent le XVIème siècle. L’époque où l’Humanisme naissait. Alors qu’on se demande s’il n’est pas en train de disparaître…
Howard Barker aime les monstres. Les personnages monstrueux, souvent des femmes. Des personnages qui ont un objectif et que rien ni personne ne peut empêcher d’atteindre. Qui vont tout écraser sur leur passage. Qui vont tout manger, tout dévorer.
Cécilia More est un beau monstre. Anéantie par la vie, elle pourrait rester là à contempler son malheur. Mais l’instinct de survie est trop fort. Elle doit agir, être dans l’action. Quitte à y laisser sa peau.
Brutopia est une pièce où un grand nombre de thèmes sont abordés. Où plein d’histoires s’entrecoupent, où de nombreux personnages se croisent, où le monde est raconté sous diverses facettes. La pièce peut apparaître comme un merveilleux jeu de piste ou comme un cri de rage. Mais ce dont parle fondamentalement Barker c’est le choix qu’ont tous les humains d’agir ou de contempler : de prendre le monde à bras-le-corps ou de se laisser aller, de jouer sa vie ou de la laisser passer. De continuer à lutter ou d’abandonner. Dans ces temps de mondialisation chaotique, se poser cette question, c’est déjà pas si mal…

Guillaume DUJARDIN

13 janvier 2002

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