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En Attendant Lagarce

mise en scène Esther Bastendorff

: Note d'intention

Jean-Luc LAGARCE a toujours représenté à mes yeux un vrai coup de cœur. L’univers de ses pièces, sa modernité et ses personnages hauts en couleurs.


Le théâtre ! Un Lieu magique, mystérieux, à la fois trop sombre et trop lumineux, surchargé d’odeurs… lieu qui inspire le rêve, le désir mais aussi les passions les plus malsaines : il est le lieu de tous les paradoxes.


Tout au long du récit, les spectateurs voyageront dans un univers de rires et de larmes. Un désir réel de partager avec le public un rendez-vous différent : un rendez-vous chaleureux et intime.


Faire découvrir aux personnes qui ne connaissent pas Jean-Luc LAGARCE la plupart des textes qu’il a écrits, compilés dans une seule pièce avec une nouvelle histoire.


Il laisse une oeuvre riche de plusieurs dizaines de pièces, un essai Théâtre et Pouvoir en Occident et plusieurs récits.


Le théâtre de LAGARCE est centré sur le discours, les intrigues des pièces sont relativement min-ces. Son écriture procède par incises, les personnages reprennent sans cesse ce qu'ils viennent de dire en le modifiant. En voulant préciser les choses au maximum, le texte devient paradoxale-ment de plus en plus flou. Le théâtre de LAGARCE interroge (entre autres) la capacité de tout un chacun à dire vraiment les choses. LAGARCE a 20 ans et commence son journal le jour même. 19 cahiers à sa mort, en 1995, annoncée, dès le 23 juillet 1988, d'un laconique: "Je suis séropositif", alors même qu'il est en train d'écrire l'histoire d'un jeune homme revenu dans sa famille pour lui dire sa fin prochaine. Ce sera, en 1990, « Juste la fin du monde ». Rien, ici, n'est écrit noir sur blanc. Tout se devine dans les mots, anodins, les gestes, les regards. Cet art de l'effleurement sera la marque de LAGARCE, tragique mais tendrement élégiaque. Quant à l'humour, il éclatera dans « Les Prétendants », satire des milieux culturels, bien connus de ce provincial revendiqué, devenu parisien au fil des ans.


Avec une mise en scène très épurée, le texte s’en trouve valorisé et montre toute son importance.


Le texte de Jean-Luc Lagarce n'entend pas faire le procès du statut de l'artiste ou s'attaquer à un problème social de notre temps. Mais il parle du sentiment qu'on rencontre parfois, celui de ne pas être à sa place, de mériter mieux que ce que l'on parvient à arracher au quotidien, et de la vie forcément injuste. Il parle de la solitude aussi, de celle qui est d'autant plus lourde qu'on est au sein d'un groupe.


L'identification aux artistes fonctionne, et finalement on s'aperçoit que ce texte parle de nous, spectateurs, de nos petites vies, pas forcément toujours drôles, de nos souvenirs aussi, et de l'espoir qui nous aide à continuer.

Guillaume Antoniolli

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