Dès la première lecture de Ces jours qui dansent, j’ai été confrontée à la question de l’adaptation scénique de ce texte.

Comment transposer les mots, témoins d’un discours intérieur puissant, vers la réalité de la scène sans qu’ils perdent de leurs forces ?

Quelle est la meilleure façon d’évoquer le long voyage intérieur d’une femme en quête de sa propre identité ?

La forme que j’ai choisie pour l’adaptation scénique est celle du monologue interprété par deux comédiennes. Deux voix pour exprimer la dualité d’un personnage et les tourments d’un seul ventre, porteur d’Orisha et siège de la peur, de l’écoeurement et de tous les cris des douleurs passées.

Ces jours qui dansent avec la nuit s’ouvre sur le récit d’une rencontre amoureuse entre une femme et un homme dans la salle d’attente de l’aéroport de Paris. Ce conte idyllique est né de l’imaginaire de l’héroïne du roman de Makhélé, et il annonce ce qui fait l’originalité de ce texte ; un roman polymorphe, un roman « poupée russe » dans lequel l’auteur use de figures de style comme l’analepse et la mise en abyme pour narrer des histoires qui s’entremêlent, se succèdent et viennent accompagner l’histoire principale.

Ce tableau initial est comme une petite image qui s’incruste dans le paysage principal du roman. J’ai choisi de le conserver dans la pièce car son doux parfum d’idéal amoureux vient contraster avec la violence du récit qui suit, celui qui est narré par l’héroïne et qui nous décrit sa douloureuse existence, à mille lieux d’une romance débutant dans un aéroport.

Les différentes parties du roman dédiées à une description précise et minutieuse des gestes facilitent ce passage délicat du papier à la scène et la langue de Caya Makhélé est une langue vivante qui s’adapte parfaitement au théâtre.

Sirine Achkar