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: Je suis né sous X.

Sur ma carte d’identité, il était inscrit que j’étais né en France, pourquoi ? « Ah on était en voyage ! » me répondaient mes parents. On vivait à Bruges et ma soeur, elle, était née à Anvers…
Vers 16 ans, j’ai fouillé dans les affaires de ma mère, j’ai trouvé des documents me concernant : mon acte de naissance : ‘Bernard Joseph Olivier né le 14 octobre 1953 à Comines en France, de père et mère inconnus’, puis des lettres de l’orphelinat où je suis resté 4 mois, le papier d’adoption, le journal de ma mère… Quand je lui en ai parlé, elle a tout simplement nié. Mon père aussi. C’était l’époque 68, j’étais en rébellion, alors je pensais « S’ils veulent pas le dire, je m’en fous ! ». Ma mère ne m’a dit que bien plus tard que j’ai été adopté. Et plus tard quand j’ai voulu en savoir plus, elle disait que je la faisais souffrir, pas moyen d’en parler.
J’ai donné une interview l’année passée dans ‘Brussel deze week’ où je parlais de cela. Une femme de la justice a lu l’article et m’a contacté, on a été manger chez ‘Bonsoir Clara’. Elle m’a mise en contact avec une femme de la police qui vit à Huy qui est née aussi en France comme moi. J’ai vu cette femme. Elle m’a dit de venir avec la feuille chez elle pour pouvoir détecter le nom que ma mère a camouflé dans son journal.
Je ne l’ai pas encore fait, sans doute que j’ai peur, je ne sais pas.
Mes parents biologiques vivent peut-être encore. Si ma mère avait 14, 15 ans lorsque je suis né, elle doit être encore jeune…
Pourquoi elle ne me recherche pas ? Peut-être a-t-elle enfoui ça dans son passé.
Il paraît qu’à ma naissance, je toussais beaucoup. Ma mère de Bruges m’a dit que ma mère a encore pris des nouvelles de moi.
J’ai été adopté à 4 mois.
Ca ne doit pas être évident de laisser tomber son enfant à la naissance. Tu n’oublies pas une chose pareille quand même.
Mais en 53, avorter n’était pas si évident…
Je ne sais pas, tout cela est bien compliqué.
A 18 ans, je suis devenu belge. J’étais rebelle, je disais que je me foutais de ma nationalité mais ce n’était pas le cas puisque j’avais choisi.
En 79, j’ai 26 ans, je suis étudiant à St Luc à Gand, je m’installe en mai à Bruxelles avec ma femme. En septembre, j’entends parler de l’affaire Graindorge.
Un avocat de gauche engagé…

Bernard Van Eeghem

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