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Quatorze minutes de danse

+ d'infos sur le texte de Sonia Ristić
mise en scène Sonia Ristić

: Entretien avec Tamara Saphir (extraits)

Comment concevez vous votre travail de chorégraphe sur ce spectacle de... théâtre ?


Sonia Ristic aime bien parler d'un travail "choral", à plusieurs voix, avec différents langages et différents matériaux pour traverser ce texte, et construire en scène avec lui et autour de lui. J'aime bien cette idée. Nous sommes très proches dans le travail avec Sonia. On discute beaucoup et on essaie d'avancer ensemble. Tous les matériaux choisis (son, images, mouvement et, bien sûr, jeu) imposent différentes couches de lecture, ils agissent comme des ressorts sensibles au service de l'histoire, qui se croisent et se creusent, se superposent, se renforcent ou bifurquent. J’essaye donc d'aborder le travail chorégraphique en restant à l'écoute de ce qui se passe avec ces autres matériaux, de ce qui se construit comme un tissage, en proposant et en me laissant aussi aller à ce qui est proposé par les comédiens et par Sonia, par Stéphane Monteiro pour la musique et par Carine Chichkowsky pour la vidéo(…)Ce fut une décision assez consciente de laisser une frontière très floue, de ne pas trop chercher à isoler "la danse" du jeu. Je veux dire qu'il n'y aura pas vraiment des moments "de danse" et "de jeu" très différenciés, mais plutôt l'idée d'un parcours physique que les personnages traversent tout au long de la pièce.


Le travail "autour" d'un texte est-il plus difficile que pour un spectacle conçu exclusivement sur la danse ?


Je ne pense pas qu'il y ait des difficultés spécifiques au fait de travailler "autour" d'un texte, d'ailleurs beaucoup de spectacles de danse travaillent avec des textes et/ou des lectures comme point de départ, parfois même en faisant intervenir du texte dans les pièces elles-mêmes (je pense aux courants allemands et belges, au "tanz-theater", à Mathilde Monnier et à beaucoup d'autres).
Ce qui est plus particulier dans ce projet qui peut s'avérer une difficulté mais aussi une sorte de "défi" qui le rend particulièrement intéressant pour moi, c'est plutôt le fait de ne pas travailler avec des danseurs mais avec des comédiens qui ont d'autres techniques, d'autres vocabulaires, d'autres outils, un autre corps. Cela exige d'aller à leur rencontre pour essayer de les emmener là où j'aimerais qu’ils aillent... J'ai la chance qu'ils acceptent volontiers ce risque d’aller vers ce qu'ils ne connaissent pas ou ne maîtrisent pas. Cela donne parfois des très belles surprises.


Quelle interprétation donnez-vous au titre de la pièce ?


Sonia adore dire que "la pièce n'est pas un spectacle de danse, et que ça ne dure pas quatorze minutes..." Plus sérieusement, j'aime bien cette idée étrange qu'évoque pour moi le titre… L'idée de la danse comme une chose quantifiable, "14 minutes de danse" comme on dirait une douzaine de roses, deux kilos de farine... Ca me fait aussi penser un peu aux concours de danse, où l'on vous demande des variations de tant de minutes, avec telle ou telle difficulté technique... Dans la trame de l'histoire, ces quatorze minutes de danse fonctionnent plutôt comme une ritournelle (le texte en a plusieurs je crois), tantôt comme lieu d'ancrage de la mémoire, tantôt comme gage d'un pacte ou comme but cathartique vers lequel ces personnages sont tendus. C'est un air qui revient constamment mais dont les sens sont multiples.


Propos recueillis par Bernard Magnier en février 2009

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