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Psychodrame 3

mise en scène Oskar Gómez Mata

: Entretien avec Oscar Gómez Mata

Propos recueillis par Maxime Pégatoquet, octobre 2012

Comment naissent les différents Psychodrame créés jusqu’à maintenant ?


Oscar Gómez Mata : Chacun de ces épisodes prend sa valeur dans le lieu où il est interprété. Ainsi, pour le premier, dans la galerie Ex-Machina, il était question de tristesse et de justice, il s’agissait de compter et de nommer, de demander des comptes ou de rendre des comptes à quelqu’un. Après, à l’hôpital de Belle-Idée, où j’ai travaillé sur la collection d’art des hôpitaux, il était question de honte et de pardon, en faisant un lien avec l’actualité concernant l’affaire Mark Müller (ndlr : ex-conseiller administratif du canton de Genève) parce que tous les journaux en parlaient à ce moment-là. Je travaillais sur la question de fantasmer une oeuvre d’art vivante. Chaque Psychodrame est intimement lié au lieu et au moment où ça se passe. On construit un spectacle sur mesure.


Quels vont être les problématiques de ce troisième épisode ?


Oscar Gómez Mata : La colère et l’utopie.


Y a-t-il une technique de travail propre à ces Psychodrame ?


Oscar Gómez Mata : Je prends un thème personnel que je peux analyser « psychodramatiquement », et ensuite je le mets en relation avec le lieu qui m’accueille afin que le thème nous soit commun. À partir de cet équilibre, de cette rencontre, j’essaie d’impliquer un public extérieur afin que ces thèmes deviennent publics, qu’ils impliquent le ou les publics qui viendront voir cette performance. Il est question de voir comment transmettre ces sensations dans une expérience publique, ouverte et participative.


J’essaie de développer un autre partie du projet, une forme de travail en cercle qui s’inspire du pyschodrame « traditionnel », thérapeutique : on identifie un problème, un thérapeute s’en empare, un cercle de gens intervient et un dernier cercle peut voir ce qui se passe mais sans intervenir.


Et, à la fin du spectacle, on est guéri ?


Oscar Gómez Mata : Je ne sais pas. Il s’agit de relever un problème et de le mettre en lumière différemment. Si je me réfère au précédent impliquant Mark Müller, l’intérêt ce n’est pas que le public vote si on pardonne ou non son comportement. Mais qu’il se fasse son propre jugement.


Après une galerie et un hôpital, pourquoi revenir dans un théâtre ?


Oscar Gómez Mata : Philippe Macasdar était présent depuis le début du projet, il voulait que je fasse un des épisodes ici. J’aime le théâtre comme lieu physique et intellectuel mais je ne peux pas m’empêcher de pousser le cadre qui est donné. J’avais aussi envie de faire une pièce qui passe par Le Théâtre, ici on est à Saint-Gervais Genève Le Théâtre. C’est parfait. C’est là où ce Psychodrame doit se dérouler, qu’il prend toute sa dimension. En plus, je reviens dans un théâtre que je connais bien, auprès d’un directeur qui suit mon travail depuis mes débuts et dont toute la vie renvoie au théâtre.


Comment avez-vous préparé cet épisode ?


Oscar Gómez Mata : Étonnement, chaque Psychodrame a commencé par un voyage qui a déterminé le contenu de chaque épisode. Là, juste avant de commencer à travailler sur le numéro trois, je me suis retrouvé à Berlin qui est la capitale de Bertolt Brecht, l’une des figures tutélaires si l’on peut dire de St-Gervais. Je suis donc passé par Bertolt Brecht et ses textes pour définir les contenus de la pièce. Je me suis rendu compte, que ma manière de travailler et mes objectifs, n’étaient pas très éloignés des certains modèles théoriques brechtiens.


Le fait d’être allé à Berlin risque d’être un élément majeur du spectacle, alors que ce n’était pas programmé du tout.


Techniquement, c’est quoi un Psychodrame ?


Oscar Gómez Mata : Pour moi, c’est l’extension d’un problème. Quand je dis que je vais faire le Psychodrame de St-Gervais, je vois beaucoup de monde avec un sourire au coin des lèvres, car chacun est en train de fantasmer sa propre réalité sur le lieu. C’est un problème qu’on met en lumière. Si ce n’est pour trouver une solution, en tout cas pour le voir autrement. Je n’utilise pas les ressorts du psychodrame classique, même si j’en utilise quelques ficelles. Ainsi de la technique de l’échauffement propre au psychodrame classique selon Moreno où il s’agit de faire ressortir un thème, un problème, et qui est finalement assez proche de ce qu’on peut faire au théâtre. Maintenant, ça reste un travail artistique, et non thérapeutique. Mais ce que j’aime bien, c’est que c’est un mot dans lequel tout le monde peut se projeter. Je n’en fais pas mon psychodrame personnel, sinon j’irai voir ailleurs. Le but, ce n’est pas que je me soigne moi, mais que tout le monde se sente concerné.

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