Petites manies et grandes obsessions fourmillent dans le nid du solitaire. D’une écriture fragmentaire, percutante, Juan Cocho invente la parole fragile d’un homme seul, soumis à ses démons, à ses habitudes, traversé par ses peurs, accroché à ses complaisances. L’isolé parle jusqu’à indécence. Lucide, froid ou fou, il se dévoile, déballe troubles et travers.

Comme son metteur en scène, l’auteur est un ancien élève du Théâtre National de Strasbourg. Enzo Cormann communiqua au jeune stagiaire le goût de la chose écrite. La saison dernière, à la demande de Jean-Yves Ruf qui le dirigeait dans le spectacle précédent de la compagnie, Erwan et les oiseaux d’après Tarjei Vesaas, Juan Cocho apportait à chaque répétition une dizaine de pages rédigées la veille. «Venaient sous sa plume certaines fulgurances d’écritures qui m’enchantaient» avoue le metteur en scène, qui confie le monologue Par les cornes à un acteur et à une danseuse. Il souhaite que le mouvement ainsi s’impose comme un « contre-chant, dit-il, une contre-présence qui créerait une profondeur. » Premier prix de flûte, de hautbois, doté d’un diplôme de cor, lecteur assidu et curieux acharné, Jean-Yves Ruf fondait la compagnie Chat Borgne Théâtre en 1996.A l’invitation de Charles Tordjman, il est cette saison artiste associé à la Manufacture.

Pour écouter les gens attentivement/J’ai une position de la main très étudiée sur le visage/L’index à la verticale, de la bouche à l’oreille,/Le menton dans le creux de la main,/(...) La bouche dégagée pour pouvoir intervenir à tout moment.