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L'Animal du temps

+ d'infos sur le texte de Valère Novarina

: A propos de la pièce

Note d'intention

Au début était le verbe ! Am Anfang war das Wort !…
Et le verbe s’est fait Chair !
-Non, au début était l’Action : Nein, am Anfang war die Tat !… s’écria Faust traduisant la Genèse. Et l’action était le verbe.
A l’aube de l’humanité, le premier son articulé - parole naissante sortie du trou béant de la bouche de l’Ur-humanus - rompit définitivement le silence du vide effrayant. Dans son grand é- tonnement, il l’entendit traverser l’espace, percuter la montagne et dans un renversement formidable, ivre de joie et de tant de liberté débauchée, déferler en mille éclats sonores, venir se fracasser contre sa poitrine ardente et devenir prière.
Animal du temps, l’acteur, « l’actoresse » se fait le devoir sacerdotal de revenir à la source originelle de la parole naissante et de la faire renaître à chaque instant avec cet é-tonnement premier qui l’inventa. Parole de chair et d’esprit portée devant, car « elle meurt sans cesse et renaît, elle mime qu’elle a un corps, elle désire et elle brûle : jetée en avant et rejouée à chaque fois, elle respire, elle invente que le monde a été trouvé en souffrance… elle ne récite pas…. elle prononce le temps… elle fait apparaître l’espace où elle avance, elle montre comment l’espace est né parlé ». (Devant la parole, Valère Novarina)
Actor, à vos bouches ! Parlez !
Francis Freyburger
juin 2003



« Le français le dit : " Nous ne nommons pas les choses nous les appelons. " Nous les appelons parce qu'elles ne sont pas là, parce que nous ne savons pas leur nom. (...) Nous ne sommes pas des bêtes parlantes qui s'expriment, mais des animaux de prophétie. (...)
Les prophètes sont des appelants. Les mots précèdent les choses.
Au commencement, ça n'est pas l'être qui est, mais l'appel. »
Valère Novarina, "Devant la Parole"



L'Animal du Temps est un voyage du corps dans l'écriture, une parole rythmique et mélodique qui s'impose vivante, incarnée, matérielle. L'actrice doit être traversée par cette écriture, bousculée parfois malmenée ou caressée, bref elle doit être totalement animée par la chair des mots.
« Tout renaîtra de l'intérieur des acteurs. L'acteur n'a pas à jouer mais à se laisser jouer par la parole. » (V. Novarina, « Pendant la Matière »)
Il y a un endroit de jeu à trouver où l'acteur/trice devient le jouet de la parole.
Dès lors il ne s'agit plus de mise en scène, mais plutôt, en répétition, d'accompagner l'actrice dans cette périlleuse et énergique descente en elle-même, à la recherche du fond sonore, à la recherche des endroits du corps qui peuvent agir comme des caisses de résonance à l'écoute des coups des mots.
Lorsque cela arrive, nous devenons soudain les spectateurs d’une danse : les cabrioles tragi-comiques de l'Animal, véritablement possédé, à son corps défendant, par la parole.
Et pour énigmatique qu'il soit, on ne lui demande rien d’autre que de continuer à se laisser déborder par ces " langues du monde ", cassandres enchanteresses qui sous nos yeux remodèlent et recréent sans cesse le monde : nous sommes au théâtre, riant, pleurant,
subjugués, traversés à notre tour...
"Acteur essaie de voir ton visage à l'envers, de lire ton nom tête en bas et de raconter par la fin l'histoire du monde que tu ne savais pas !" (V. Novarina ; "Pendant la Matière")
Heidi Brouzeng

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