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L'Homme-Jasmin

+ d'infos sur l'adaptation de Magali Montoya ,
mise en scène Magali Montoya

: Pourquoi cinq actrices ?

Le récit d’Unica Zürn est une sorte de documentaire du soi dont on pourrait dire qu’elle est la principale protagoniste et le filmeur.
Le texte est principalement composé à la troisième personne, et je ne crois pas que cela soit seulement en écho à une pratique surréaliste courante.
C’est son trait de génie, sa manière de transmettre ce récit.
Une indication, une piste qu’elle invite à explorer.
Par cette démarche déjà elle nous invite à écouter les voix qui habitent en elle.


Confronter le texte à un espace du vide, du jeu, de la distance me semblait en respect avec sa nature.
Multiplier les interstices, pour permettre au spectateur de s’y glisser.


Mon propos n’est pas de donner un visage de femme unique à Unica Zürn.
Je n’ai jamais envisagé un monologue.
Mais en lui donnant cinq voix, je n’affirme pas que nous avons affaire à une personnalité fragmentée (une folle), mais à un personnage riche, multiple et complexe.


Unica Zürn assume totalement et sans réserve la complexité de son être, comme elle assume également ce qui lui échappe.


Cinq voix me paraissaient être une proposition en adéquation avec cette vie.
Et cinq écoutes
Et cinq vibrations
Et cinq visages en mouvement


Le travail a très vite donné foi à mon intuition.


Une forme de partage du récit m’a conduite à en révéler cinq axes majeurs :
Un lié à l’enfance
Un lié à la relation amoureuse
Un creusant le rapport à la création
Un entrouvrant la porte (des abîmes) de la folie
Un posant le contexte historique et faisant le lien entre la grande et la petite histoire
Cinq âges…


Cinq âges qui se côtoient sans s’annuler, s’imbriquent les uns dans les autres.


La vieille femme écoute la jeune femme, et la jeune femme entend la vielle femme, puis l’autre respire et l’autre encore tente une traversée du quatrième mur, et une autre actrice nourrie de ces influences, de ces mouvements intérieurs/extérieurs, donne alors de la voix.
Les vécus s’entrecroisent, s’amoncellent, s’observent.
Cette succession d’instants donne au temps une valeur de plénitude.
Comment pourrait-il en être autrement pour évoquer une vie ?
Et c’est dans ce geste d’adaptation kaléidoscopique, contraire à l’abandon, réfractaire à l’oubli, que ma fascination trouve son origine.
Ici se dévoile la naissance de notre fraternité, de notre empathie, de notre identification et donc l’espace du spectateur.


Apparaît alors - une vérité - que seul les poètes ont la faculté de transmettre
Et une vérité qu’il est salvateur de partager et qui nous relie à notre intimité la plus préservée…et la plus enfouie.

Magali Montoya

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