theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « La Vieille Guerre - La Bataille du Kosovo 1389 »

La Vieille Guerre - La Bataille du Kosovo 1389

Simon Pitaqaj ( Mise en scène )


: Mise ne scène et Scénographie

La scène apparaît recouverte de terre battue. La terre est d’abord une matière de jeu, mais aussi un espace sacré que les héros cherchent à posséder et à ravir. La terre, c’est le Kosovo. C’est cette terre que depuis plus de dix-mille ans les preux chevaliers et les militaires d’aujourd’hui cherchent à conquérir. C’est pour elle que les peuples d’aujourd’hui et d’hier se battent et versent le sang.
Le sol en terre battu n’est pas uniforme, il est plein de bosses et de trous, des tas et des creux sur une étendue de terrain vague. Quelques morceaux de bois morts jonchent le sol. Tantôt croix de cimetière, tantôt corps éparpillés. Les têtes sont inspirées du peintre Turco-albanais Omer Kaleshi. Elles représentent des têtes coupées, mais qui apparaissent presque vivantes avec leurs yeux écarquillés qui nous regardent fixement. Elles sont la mémoire des peuples, témoins d’un temps passé mais aussi d’un temps présent, car elles regardent. Elles observent.
Les croix qui jonchent le sol sont le symbole des cultures, des religions, des différentes traditions qui se partagent la terre. Croix orthodoxes, catholiques ou pierres tombales, elles se partagent le territoire entre promiscuité et clivage. Les personnages viennent tour à tour enterrer leurs cadavres. C’est alors que la terre plate devient un immense cimetière qui se remplit au fur et à mesure, qui se remplit tellement qu’il n’y a plus de place pour enterrer de nouveaux morts, qui sont jetés sans plus de formalité, sans identité.
Après chaque intervention des personnages, un rideau blanc est tiré. Symbolisant le mur qui coupe et enferme, le clivage, l’aveuglement. Il sépare le passé et le présent, l’intérieur et l’extérieur, l’Orient et l’Occident, les bourreaux et les victimes. Le rideau définit l’espace et le temps par l’enfermement et le rituel qu’il impose. Pendant ce temps, un gardien militaire et deux fossoyeurs creusent des fosses communes au son d’un chant patriotique et militaire des années 80 de « Tito ». Leurs silhouettes sont projetées comme des ombres chinoises sur le rideau. Image ambiguë, qui fait se balancer le spectateur entre l’espoir d’une représentation en carton-pâte tout en illusion et en beauté qu’imposait le régime communiste, et l’horreur de l’acte qui se déroule sous les yeux du public et l’amène à pressentir la chute du régime et la révolte des peuples. Entres morts et vivants, le spectacle s’articule en deux parties.
La première partie évoque la mort des souverains, ceux dont les actes héroïques ont été écrits. Ce sont des créatures remarquables, à la destinée exceptionnelle. Ancrés dans les légendes, ils en sont les refrains. Ce sont les modèles des chevaliers d’aujourd’hui, dont on continue de venter les exploits et de s’inspirer. Leur humanité n’est révélée qu’après leur mort. Parfois grotesques, parfois pertinents, ils tentent de justifier le sacrifice.
La deuxième partie concerne les vivants. Ceux qui enterrent les morts et qui existent encore.
Ibrahim, petit fossoyeur turc, est un être profondément ouvert : il pratique les trois religions monothéistes à la fois. Incompréhensible pour certains. Acte de trahison pour d’autres. Sur le mode de la plaisanterie, ses collègues de cultures et d’origines différentes décident de le juger. Une scène d’hier, mais qui pourrait se jouer aujourd’hui, dans notre société. Mais la plaisanterie est de courte durée, Ibrahim sera condamné au bûché et assassiné par ses collègues.
Le jeu des acteurs témoignent du travail de la compagnie et de la continuité de ses recherches. Il reprend cette idée d’épuisement et de rage. Le corps est utilisé et imprégné de l’histoire des Balkans et du déchirement des peuples. La fin des Républiques Yougoslaves, c’est la fin de l’unité artificielle, la fin du bloc de l’Est qui arrivait à une phase d’épuisement, d’essoufflement. La création du texte s’est faite en aller-retours entre l’écriture, la lecture et le plateau, avec un travail quasi permanent du dramaturge pendant les répétitions.

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.