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La Vieille Guerre - La Bataille du Kosovo 1389

Simon Pitaqaj ( Mise en scène )


: Note d’intention

Franco-Kosovar, j’ai grandi jusqu’à l’âge de 15 ans dans un pays nommé autrefois la « Yougoslavie ». J’ai vécu la violence, le déchirement et sa chute, jusqu’à la création d’un nouveau pays, le « Kosovo ». Aujourd’hui en France, j’assiste à son développement, avec un double regard, celui de mes origines et de mon pays d’adoption. Le Kosovo est le plus jeune pays du monde, mais n’est-il pas aussi l’emblème de la guerre en ex-Yougoslavie ?
En 1989 Slobodan Milosheviç prononce un discours nationaliste à l’occasion de la commémoration des six-cents ans de la défaite contre l’Empire Ottoman, les envahisseurs. Etant enfant, je voulais comprendre ce discours, en découvrir le sens. Je voulais comprendre l’origine, la naissance du conflit entre les Serbes et les Albanais. Pourquoi, moi, albanais, devais-je les fuir, les haïr ? J’ai reçu cette violence en pleine figure, sans pouvoir rien faire, sans comprendre ni pouvoir demander, ni savoir. On me répondait : « C’est comme ça depuis des années ».
Etait-ce une question religieuse entre les musulmans et les chrétiens, un lien avec les origines, la culture, l’héritage ?
« L’aberration, la mémoire, la colère, la vengeance humaine sont inscrites dans le sang dit Kadaré.
En cherchant de tout côté, j’ai découvert l’existence d’une vieille bataille qui aurait eu lieu en 1389 au « champ des merles », près de la capitale actuelle du Kosovo. Le coeur du conflit ne serait-il pas lié à cette bataille ?
Avant d’être une guerre des peuples, une guerre de religions, une guerre entre l’Orient et l’Occident, le conflit qui cristallise ce rapport ambigu entre Orient et Occident est avant tout une guerre de la paternité des mythes.
Chaque peuple possède une version de la légende qui lui est propre pour décrire la bataille de 1389 et la défend avec pugnacité et verve. Parce que cette bataille et les conflits qu’elle soulève entre les peuples annoncent les déchirements, le sang, la haine qui se propageront à travers tous les Balkans. Parce que cette bataille est la résonnance lointaine d’un écho qui ébranle aujourd’hui l’actualité et dont les ondes se répercutent sur les conflits mondiaux d’aujourd’hui entre Orient et Occident, entre chrétiens et musulmans. Parce que cette bataille soulève l’amour et la haine des peuples qui s’est ensuite cristallisée jusqu’à aujourd’hui.
Trois versions de cette légende : la Serbe, l’Albanaise et la Turque. Trois versions de la même mémoire.
A ceci s’ajoute le récit d’Ismaël Kadaré « Trois chants funèbres pour le Kosovo » où l’écrivain albanais interroge l’existence, la naissance des mythes fondateurs. J’unis ces textes pour tisser le long fil du récit. Loin d’être une reconstitution historique, le spectacle sert à interroger, questionner les mythes et l’histoire. Démêler les conflits d’hier pour mieux comprendre le rapport compliqué et ambigu entre Serbe et Albanais, entre l’Orient et l’Occident. Essayer de mettre des mots et des images sur une incompréhension et une sidération qui nous envahissent aujourd’hui en 2014.
Comme disent les anciens des Balkans : « les passions humaines s’inscrivent dans le sang, sang que nous versons ensuite dans la terre ». Cette pièce tente de laver le sang de la terre en revisitant les mythes

Simon Pitaqaj

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