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Train de nuit pour Bolina

+ d'infos sur le texte de Nilo Cruz traduit par Séverine Magois
mise en scène Célie Pauthe

: Le Choix du texte

La pièce de Nilo Cruz s’est imposée à Célie Pauthe pour plusieurs raisons. D’abord, elle connaissait déjà son autre pièce Un cigare dans la bouche de Tolstoï dont elle avait aimé l’écriture et les thèmes, ensuite parce que Train de nuit pour Bolina lui a rappelé un poème d’Apollinaire qu’elle avait eu un jour envie de porter à la scène pour le faire découvrir à des enfants : La Maison des morts, extrait du recueil Alcools. Le poème d’Apollinaire a trouvé des résonances dans le texte de Nilo Cruz. Dans Train de nuit pour Bolina, les vivants sont si affreux que l’on ne peut souhaiter que les fuir et trouver refuge parmi les morts. Aucune peur, aucune appréhension face à la mort, face à ces morts. Les enfants jouent avec leur identité qu’ils découvrent sur les tombes comme dans un jeu de rôles, sans tabou religieux, sans perversion, ni normes.
Pour Célie Pauthe, Train de nuit pour Bolina raconte aux enfants combien l'imagination, liberté inviolable des rêveurs et des poètes, est, dans bien des situations, un principe de survie. Ces enfants survivent, demeurent vivants, et parviennent à se retrouver dans l'ultime scène de la pièce, car envers et contre tout et tous, ils ont l'impulsion de déclencher en eux ce petit réflexe vital qui consiste à formuler, même dans les situations les plus désespérées, un petit « si », « Et si... », « Jouons à faire comme si… », ce « si magique », qui était pour Stanislavski, l'essence même du jeu théâtral.
C’est aussi cette dimension qui a plu à Célie Pauthe, car la pièce, comme Un cigare dans la bouche de Tolstoï, s’interroge sur la place de l’art dans la vie. Train de nuit pour Bolina pose la problématique du jeu, de la force du jeu et de l’imaginaire, du lien entre l’imaginaire et l’enfance…. Jeu des enfants, mais aussi jeu des acteurs, capacité de l’homme à préserver cette part d’enfance qui lui permet de jouer avec tout.


« La première chose qui m’a profondément séduite en découvrant cette pièce, c’est la manière dont Nilo Cruz raconte l’histoire de ces deux enfants qui, pour fuir un réel violent et sans horizon, se réfugient au cimetière et jouent à s’inventer des rôles avec l’identité des morts, sans aucune pensée macabre ni transgressive, mais au contraire avec une grande innocence, et une entière familiarité.
Les morts ne sont ni effrayants, ni sacrés, mais deviennent des amis à part entière, beaucoup plus fréquentables que les vivants, gais pour l’éternité, fleuris, lumineux, pleins de couleurs chatoyantes.
Je trouve très beau d’aborder le thème de la mort avec des enfants ou des adolescents par ce prisme là, celui de la culture sud-américaine festive, paillarde. On déplace notre regard en opposant à nos traditions de sobriété, de recueillement et de silence, la fête, l’alcool, la couleur. Ce réel violent et sans horizon que les enfants fuient, c’est la réalité dure d’une campagne d’Amérique latine confrontée à la misère et à la famine, dévastée par la sécheresse et la guerre civile. Les rapports entre parents et enfants sont aussi violents que cette réalité. Pour y échapper, ils fuient en ville et trouvent refuge dans un orphelinat religieux. La pièce s’articule sur deux mondes : le monde rural, brutal, archaïque auquel s’oppose le monde urbain qu’ils vont découvrir. Là, ils vont se confronter à une violence plus insidieuse qui n’agit pas directement sur les corps, mais sur les âmes, un monde de castration morale et de surveillance dominé par l’interdit religieux : le corps est sale, le désir est coupable. C’est la dernière épreuve à laquelle Nilo Cruz confronte Clara et Mateo, sans aucun doute la plus perverse.
Quel chemin Mateo et Clara trouveront-ils pour tenter d’y faire face ? « Alors pour aimer Mateo, faudrait-il, comme les morts au cimetière, que je n’ai plus de corps ? ». Telle est la substance de la question sans réponse que pose Clara à la fin de la pièce… »
Célie Pauthe, novembre 2009

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